Locomotive 141R840 en gare d'Austerlitz pour le tournage du film Le Temps d'Aimer.
Gares et réseau ferré, Trains

Le Patrimoine SNCF à l’affiche dans Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré

La locomotive à vapeur 141R840 est au cinéma dans le film Le Temps d’Aimer : une occasion de faire vivre le patrimoine ferroviaire.

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Depuis leurs origines, et le célèbre film des frères Lumière « Entrée d’un train en gare de La Ciotat » (1896), chemin de fer et cinéma entretiennent un lien historique et fécond. 

Ce lien ne s’est jamais interrompu et le pôle Cinéma et tournage de la SNCF continue d’accueillir 150 tournages par an. 

En salle ce mercredi 29 novembre, Le Temps d’Aimer, de la réalisatrice Katell Quillévéré, continue à écrire cette histoire et met à l’honneur dans sa scène finale du matériel historique de la SNCF. 

Pour cette scène qui se déroule dans les années 1950, c’est la locomotive 141R840, magnifiquement restaurée par l’Amicale des Anciens et Amis de la Traction Vapeur Section Vierzon-Bourges (AAATV-Centre Val-de-Loire), qui a été choisie pour tourner sur les voies de la gare d’Austerlitz. 

 La scène finale, scène ferroviaire  

C’est dans une gare que la réalisatrice a choisie de conclure son film. Et un tournage ça s’anticipe ! Le projet a nécessité près de quatre mois de préparation pour le pôle cinéma et tournage de la SNCF, pour seulement une journée de tournage et une scène finale de quelques minutes. Des projets avec des reconstitutions de scènes d’époque ne se présentent pas tous les jours et l’équipe reçoit ces demandes avec enthousiasme :  

« Nous avons accueilli le tournage avec fierté car il met en valeur le patrimoine ferroviaire vivant », souligne Jérémie Coste, du pôle tournage et cinéma.  

La scène se déroulant dans les années 1950, l’équipe du film a dû reconstituer le décor de l’époque pour éviter les anachronismes. Ainsi, en plus des costumes et des valises reproduits pour le film, les signalétiques actuelles ont été remplacées par des anciennes, les horloges led camouflées, et des affiches publicitaires anciennes ressorties pour l’occasion. Là encore, le pôle cinéma et tournage de la SNCF a su aiguiller l’équipe en charge du décor vers les archives et sources pertinentes. Mais deux éléments patrimoniaux incontournables ont permis de rendre le décor plus vraisemblable pour cette scène finale : la locomotive 141R840 à vapeur et les abris de quai de la gare d’Austerlitz.

Affiches publicitaires d’archives réutilisées pour le décor du film. Crédit : Florence Brachet Champsaur
Modification des panneaux de signalisation pour le décor du film. Crédit : Sébastien Godefroy

La Locomotive 141R840 

La scène se déroulant à la fin des années 1950 nécessitait un train d’époque. Le pôle cinéma et tournages s’est donc tourné vers l’association AAATV-Centre Val-de-Loire, basée aux Aubrais près d’Orléans. Constituée en1977 pour accueillir et restaurer le matériel historique confié par la SNCF, elle regroupe de nombreux passionnés bénévoles qui entretiennent et restaurent du matériel roulant ancien pour le faire voyager sur le réseau ferré national.  

En vedette, la locomotive 141R840, choisie par l’équipe de tournage pour la dernière scène du film. Construite aux Etats-Unis en 1947, cette locomotive fait partie d’une commande de 1 340 machines à vapeur passée par la SNCF afin de reconstituer son parc après les destructions de la Seconde Guerre mondiale. Fiable et robuste, elle utilise de la chauffe au fioul lourd, contournant ainsi la pénurie de charbon de l’époque. Longue de 25 mètres, elle peut rouler jusqu’à 100 km/h avec une puissance de 2 928 chevaux. Ces “belles Américaines” sont emblématiques de la SNCF et elles ont circulé jusqu’à la fin de la vapeur au début des années 1970.  

Choyée par l’association AAATV-CVL, la locomotive 141R840, classée monument historique le 22 mai 2003, est devenue une star de cinéma une fois à la retraite. Loin d’en être à son coup d’essai, la locomotive est visible dans plusieurs films comme Les Femmes de l’Ombre de Jean-Paul Salomé, Elle s’appelait Sarah de Gilles Paquet-Brennet, ou encore Franz de François Ozon. Pas étonnant qu’elle ait de nouveau été choisie par Katell Quillévéré pour Le Temps d’Aimer.  

Lors du tournage, la locomotive tout juste restaurée et son train de voitures historiques avaient été acheminés depuis Les Aubrais par l’association AAATV-CVL. De nombreuses prises de vue où elle avançait doucement sur quelques mètres ont été nécessaires pour donner l’impression du départ.

L’AAATV-CVL aux commandes de la locomotive. Crédit : Sébastien Godefroy

 

Les abris de quai de la gare d’Austerlitz, un autre monument historique dans le film  

Le dénouement de toutes les tensions du film se déroule sur un quai de gare, et pas n’importe laquelle : la gare d’Austerlitz à Paris. Une prouesse pour les équipes de Gares & Connexions, puisque la gare d’Austerlitz, qui accueille 24 millions de visiteurs par an, est en travaux de modernisation depuis maintenant cinq ans.  

Le choix de la gare d’Austerlitz a par ailleurs été particulièrement pertinent : la voie 21 mise à disposition par Gares & Connexions présente un intérêt historique, car elle est couverte par des abris de quai conçus par l’architecte Jean Prouvé dans les années 1950, période à laquelle se déroule l’ultime scène du film. Ces “abris” servent à couvrir les voyageurs du soleil et de la pluie lorsqu’ils attendent le train, mais doivent aussi être dessinés pour laisser un maximum de place sur le quai pour la circulation des piétons en toute sécurité.  

Jean Prouvé est un architecte connu pour ses reconstructions après-guerre, économiques et industrialisées. Son style novateur est mis au service de la communauté lorsqu’il conçoit des maisons à bas coût pour les plus démunis, à la suite de l’appel de l’abbé Pierre. Pour la SNCF, il pense des poteaux évasés aux pieds pour obtenir une stabilité sans prendre trop d’espace. Ces poteaux permettent même d’installer une poubelle et un haut-parleur pour optimiser l’espace. Le toit est quant à lui produit par une société d’aluminium, terminant à merveille cet ouvrage type des années 1950. Solide et encore bien en place aujourd’hui, cet abri constituait un décor idéal pour Le Temps d’Aimer.  

Sur la gauche, les poteaux conçus par Jean Prouvé. Crédit : Sébastien Godefroy
Structure en métal de l’abri de la voie 21, conçu par Jean Prouvé. Crédit : Florence Brachet-Champsaur.

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