Né le 12 juillet 1895 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) – Mort en déportation le 20 décembre 1943 à Mauthausen (Autriche).
Fils d’Annet Chabaud et d’Anaïse Bennefoy, Jean (Félix) Chabaud est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il fut mobilisé du 17 décembre 1914 au 7 mars 1919. Le 14 septembre 1925, il épouse Marie Tataine avec qui il aura un fils, Annet, né le 31 octobre 1927. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il réside avec sa famille impasse Clément-Ader, à Limoges (Haute-Vienne). Entré à la Compagnie du Paris-Orléans le 8 mars 1919, il est ouvrier électricien au dépôt de Limoges au moment de son arrestation. Si l’enquête menée par les Renseignements généraux ne révèle aucune trace de son adhésion au parti communiste, il est pourtant considéré comme suspect après avoir organisé en octobre 1940 une souscription en faveur de Félix Foulounoux, cheminot à Limoges, détenu pour propagande communiste et condamné par la suite à un an de prison et 200 F d’amende par le tribunal correctionnel de Limoges pour détention de tracts.
Le 2 mars 1943, il est recherché, comme plusieurs Limougeauds, par les autorités allemandes, qui procèdent à cette époque à de nombreuses arrestations d’hommes connus ou suspectés d’être des opposants politiques, en vue d’atteindre les objectifs fixés par le décret Meerschaum (« Écume de mer ») : déporter 35 000 hommes destinés à travailler à la production d’armes de guerre dans les camps de concentration. Jean Chabaud demeurant introuvable, les Allemands appréhendent M. Gaches, sous-chef de dépôt, et le libèrent le lendemain lorsque le suspect se constitue prisonnier après avoir passé une journée réfugié chez ses parents à Limoges. Interné dans cette ville au petit séminaire, il est emmené, avec André Boissard, camarade cheminot, au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu, où il reçoit le matricule 11412. Le 16 avril, il quitte le camp de l’Oise avec près de 1 000 hommes, dont André Boissard et Jean Saintecatherine, lui aussi agent de la SNCF, dans le premier convoi massif parti de France en direction du camp de Mauthausen. Le 18 avril 1943, il y est enregistré sous le matricule 26883. Après plusieurs mois au camp central, il est envoyé le 19 septembre 1943 au camp de Schwechat, Kommando où les détenus sont employés par la firme aéronautique Heinkel. Rapidement malade et affaibli, il est ramené à Mauthausen pour mourir le 20 décembre 1943 au Sanitätslager [pavillon d’infirmerie du camp].
Marie Chabaud, sa femme, meurt le 2 mars 1949. Son fils, Annet, pupille de la SNCF et de la Nation, est par la suite employé comme surveillant principal de 2e classe à Limoges, où son père a mené l’ensemble de sa carrière.
Jean Chabaud a obtenu le titre de Déporté résistant le 25 juin 1956. Il est titulaire de la Médaille militaire et de la Médaille de la Résistance. Son nom figure sur le monument aux morts du dépôt de Limoges et est repris par la plaque commémorative apposée en gare de Limoges.
Adeline Lee
Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 434615, 21 P 427640 (dossier d’André Boissard), MA 7/11, 11/3, 41/4 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.