Mémoire

LANGLADE Jean

Né le 23 mai 1900 à Saint-Léonard (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 8 février 1945 à Ebensee (Autriche). Le 18 juillet 1923, Jean (Fernand) Langlade entre à la Compagnie du Paris-Orléans comme homme d’équipe à l’essai à Tours (Indre-et-Loire) avant d’être muté à Puy-Imbert (Haute-Vienne) le 2 octobre suivant. Pendant la Seconde Guerre mondiale, […]

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Né le 23 mai 1900 à Saint-Léonard (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 8 février 1945 à Ebensee (Autriche).

Le 18 juillet 1923, Jean (Fernand) Langlade entre à la Compagnie du Paris-Orléans comme homme d’équipe à l’essai à Tours (Indre-et-Loire) avant d’être muté à Puy-Imbert (Haute-Vienne) le 2 octobre suivant. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est contrôleur technique principal au service général, 2e section, à Limoges, où il réside au 39, rue Émile- Zola, avec sa femme, Catherine (née Roux), et leurs trois enfants : Georges (né en 1926), Marie-Paule (en 1932) et Pierre (en 1939). Depuis la fin de l’année 1942, il résistait dans le groupe Fer de Paul Vives-Caillat (responsable régional), en transportant des tracts et des documents et en servant d’agent de liaison entre Brive, Châteauroux, Périgueux et Limoges. Le 7 mars 1943, il est arrêté à son domicile par un civil et un militaire allemands qui auraient prétexté la nécessité d’une confrontation avec un homme interpellé dans la nuit. Ce même jour, plusieurs autres habitants de la commune, dont le cheminot Jean-Paul Sarre (déporté avec lui), sont également arrêtés. Il est difficile de déterminer si son activité résistante a été découverte ou si son ancienne appartenance à des organisations d’extrême gauche est la cause de son arrestation. Avant sa mutation à la brigade de surveillance de Limoges-Bénédictins, Jean Langlade était secrétaire de la section CGT des cheminots d’Eymoutiers (Haute-Vienne) et il aurait également appartenu au parti communiste, bien que son nom ne figure pas sur le fichier du commissariat spécial. À cette époque en effet, les autorités allemandes interpellent de nombreux hommes connus ou suspectés d’être des opposants, en vue d’atteindre les objectifs fixés par le décret Meerschaum (écume de mer) publié par Himmler le 14 décembre précédent. Celui-ci prévoyait la déportation de 35 000 détenus dans les camps de concentration pour remplacer les Allemands partis au front et soutenir l’effort de guerre du Reich en accroissant la production d’armements.

Aucun renseignement n’a pu être communiqué à son chef de service. D’abord interné à la caserne du 6e cuirassiers à Limoges, occupée par les Allemands, le cheminot est transféré en train à Compiègne-Royallieu dans la nuit du 15 au 16 mars 1943 avec les personnes appréhendées le même jour que lui. Après avoir pu écrire une carte à son épouse (qui en recevra une autre du Loibl Pass), il est déporté le 20 avril 1943 au sein du second convoi massif, de près de 1 000 hommes, parti de France en direction de l’Autriche dans le cadre de l’Aktion Meerschaum. Il passe trois jours dans un wagon de marchandises avant d’arriver à Mauthausen, ou il est immatriculé 28233. Le 15 juillet suivant, il est envoyé au Kommando du Loibl Pass. Répartis en deux camps implantés de part et d’autre du massif des Karawanken, les détenus travaillent au percement d’un tunnel routier pour le compte de la société Universale Hoch-und Tiefbau AG. Mais, « inapte au travail », Jean Langlade est reconduit au camp central le 8 janvier 1944 et n’y retourne que le 22 juillet, comme manœuvre (Hilfsarbeiter). Il n’y reste que peu de temps, puisque le 23 septembre, après un passage par Mauthausen, il est affecté comme manœuvre à Ebensee, sur les bords du lac Traunsee, dans une forêt de sapins de la région du Salzkammergut. Pris sous un éboulement dans l’un des tunnels, il souffre de fractures et de plaies multiples à la jambe gauche. Ses camarades le ramènent au camp, alors qu’il a perdu une importante quantité de sang. François Wettewald, l’un des médecins d’Ebensee, est contraint de l’amputer au tiers inférieur de la jambe après avoir pu lui injecter un peu de sérum qu’il était parvenu à se procurer. À la suite de l’opération du 11 janvier, malgré les visites du docteur Gilbert Dreyfus avec qui Jean Langlade discutait de la France et de parties de pêche, son état général ne cesse de se dégrader en raison du manque de nourriture et de médicaments. À une entérite très forte succède une pneumonie qui l’emporte le 8 février 1945.

Reconnu « Mort pour la France », titulaire de la Médaille de la Résistance, il obtient le titre de Déporté résistant le 22 octobre 1951. La SNCF rappelle sa mémoire dans le hall de la gare de Limoges-Bénédictins.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; 2003/038/MIDI/14/347 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 472525, MA 7/11, 12/3, 16/3, 17/2, LA 41/6 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation ; Notre métier, no 28.

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