Né le 13 novembre 1892 à Tours (Indre-et-Loire) – Mort avant son rapatriement le 25 mai 1945 à Schwerin (Allemagne).
Marcel Quinton se marie en 1917 à Yvonne Bergeot. Ils auront deux enfants. En janvier 1919, il entre à la Compagnie du Paris-Orléans, dont il ne tarde pas à être renvoyé en raison de ses activités politiques. Il est en effet un actif militant communiste : secrétaire de la section de Joué-les-Tours (1922) et membre de la commission exécutive de la fédération d’Indre-et-Loire. Il fait aussi acte de candidature lors des élections : aux législatives de 1924 sur la liste du Bloc ouvrier et paysan et aux cantonales de 1925 dans le canton de Tours-Nord. Le mois de juin 1925 coïncide avec sa première arrestation pour ses prises de position contre la guerre du Rif. Sa situation personnelle devient rapidement précaire, puisqu’il est renvoyé de plusieurs entreprises et refusé par d’autres. Esprit indépendant et déterminé, Marcel Quinton s’oppose, sur des questions de temps de travail, au maire communiste de Saint-Pierre-des-Corps qui l’avait recruté comme cantonnier. Renvoyé puis réintégré avec l’appui du parti, il est cependant exclu de celui-ci en avril 1934 pour « usurpation de fonctions » : il s’est fait passer pour un gendarme afin de dénoncer une affaire de corruption mettant en cause un élu municipal de Tours, militant socialiste. Par la suite, Quinton collabore au Réveil, journal socialiste. Il est finalement réintégré au chemin de fer en 1932, comme mécanicien au dépôt de Limoges. Mais la signature du pacte germano-soviétique et l’interdiction des organisations communistes qui en découle entraîne son licenciement le 1er novembre 1940, « pour menées antinationales », indique la SNCF, précisant qu’il est « surveillé de très près par la police ». Il continue son activité pour le parti en rejoignant le Front national et en distribuant tracts et journaux clandestins. Il est ensuite versé dans un groupe FTP, avec lequel il procède à des sabotages ferroviaires. Marcel Quinton est arrêté par la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] à Limoges, sans doute chez lui, rue Aristide-Briand, le 1er mars 1943. Placé en détention de sécurité, il est transféré à Compiègne-Royallieu. Il est déporté le 21 mai 1944 au camp de concentration de Neuengamme (mat. 31872) puis affecté au Kommando de Fallersleben-Laagberg, au nord-est de Brunswick. En février 1945, il est envoyé dans celui de Wöbbelin, au nord de Ludwigslust. Il y survit jusqu’aux évacuations d’avril 1945, pour être finalement libéré le 2 mai. Mais, très affaibli, il s’éteint à l’hôpital de Schwerin le 25 mai 1945 avant d’avoir pu être rapatrié.
Le titre de Déporté résistant lui a été attribué le 1er février 1956. La SNCF rappelle la mémoire de Marcel Quinton, mécanicien de route, au monument aux morts du dépôt de Limoges et en gare de Limoges-Bénédictins.
Stéphane Robine, Hervé Barthélémy
Sources : Archives SNCF, 118 LM 121/4 ; 118 LM 108/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 528670 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation ; Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.