PIN Claude
Né le 9 septembre 1904 à Arles (Bouches-du-Rhône) – Mort en déportation le 11 janvier 1945 à Gusen (Autriche).
Claude (Étienne, Marius) Pin est le fils d’Anne Turcat et de Jean Pin. Libéré du service militaire le 10 novembre 1925, il entre au chemin de fer le 22 février 1926 et est affilié à la caisse de retraite le 1er mars 1927. Il se marie le 6 octobre 1934 avec Émilienne Leperck, à Arles. Au début de la Seconde Guerre mondiale, le couple habite dans cette ville chemin de la Fortune. Mobilisé de mai à juillet 1940, Claude Pin reprend ensuite son travail d’ouvrier ajusteur aux ateliers SNCF de cette localité.
Les ateliers ferroviaires SNCF d’Arles, ex-PLM, créés au XIXe siècle, ont vu leurs effectifs diminuer fortement dans les années 1930. Ils emploient toujours en 1940 plusieurs centaines
d’ouvriers (près de 600). Le parti communiste s’y reconstitue rapidement. Le 6 juin 1941, la 9e brigade mobile de Marseille arrête Claude Pin et sept autres cheminots des ateliers d’Arles
(Louis Deguilhem*, Fernand Fournier*, Charles Gardiol, Joseph Peloux, Adolphe Piche, Charles Raymond, Pierre Souchon*) pour menées antinationales et distribution de tracts
communistes. Comme ses camarades, Claude Pin est jugé, en juillet 1941, par le tribunal correctionnel de Tarascon, puis traduit devant le tribunal militaire de la XVe région à Marseille.
Le 6 septembre 1941, celui-ci condamne les inculpés à des peines qui s’échelonnent de vingt ans de travaux forcés à cinq ans de prison, accompagnées d’amendes, de dégradations civiques et d’interdictions de séjour. Immédiatement révoqués de la SNCF, les huit cheminots sont incarcérés à Toulon (Var) – c’est le cas de Claude Pin – ou à la centrale de Nîmes (Gard). Sept d’entre eux, dont Claude Pin, sont transférés à la centrale d’Eysses, à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Ils participent, dans cette prison, à l’organisation communiste clandestine et, le 19 février 1944, à une tentative d’évasion collective qui échoue. La répression est féroce. Cinquante détenus sont pris comme otages et 12 d’entre eux sont fusillés le 23 février 1944, après condamnation par une cour martiale de la Milice. Le 30 mai 1944, plus de 1 100 détenus d’Eysses sont livrés aux Allemands et transférés à Compiègne (Oise). Le 18 juin
1944, un transport de plus de 2 100 hommes est organisé à partir de Compiègne pour le camp de Dachau, composé pour moitié des anciens détenus d’Eysses. Parmi eux, Claude Pin et quatre des huit cheminots arlésiens. Le convoi arrive à Dachau le 20 juin 1944, en fin d’après-midi. Claude Pin, immatriculé 73881, est transféré le 18 août 1944 au camp de Mauthausen (Autriche) et affecté, le 13 décembre, au Kommando de Gusen. Il y meurt le 11 janvier 1945. Il a été reconnu « Mort pour la France ». Son nom figure sur la plaque commémorative des ateliers d’Arles (déplacée à la gare), avec ceux de Louis Deguilhem*, Fernand Fournier* et Pierre Souchon*. À Marseille, il est aussi gravé sur la colonne octogonale dédiée aux 446 agents SNCF « des 8e arrondissements morts pour la France », érigée dans le square de la gare Saint-Charles.
Robert Mencherini
Sources : SNCF, CXXIV.2 118 LM 108/1 ; SNCF, CXXX.5 118 LM 120/6 ; SNCF, 025 LM 259/2 ; SNCF, dossier Béziers ; SHD DAVCC, 21 P 525875 ; RM ; CGC ; FMD ; N. Koukas, « La Résistance à Arles, 1940-1944 », mémoire de maîtrise d’histoire, 1997 ; Amicale des anciens d’Eysses, Eysses contre Vichy, 1940-…, 1992 ; R. Mencherini, Cheminots en Provence. Les années de guerre,