Le 25 octobre 1971 est sortie de l’usine d’Alstom de Belfort la première rame de TGV, le prototype TGV 001, 10 ans avant l’inauguration de la première ligne à grande vitesse, le 22 septembre 1981, par le président de la République François Mitterrand. Plus de cinquante ans plus tard, le TGV est entré dans le quotidien des Français, devenu un mode de transport privilégié et un élément incontournable de notre patrimoine industriel. Alors que la SNCF prévoit la mise en circulation du TGV-M, aussi appelé “train du futur”, revenons sur les grandes dates de l’aventure Train à Grande vitesse.
Qui n’a jamais rêvé de pouvoir accélérer le temps et d’écourter les distances ? Un enjeu crucial et un atout commercial essentiel pour la société de la fin du XXe siècle qui trouve leur solution dans l’amélioration progressive de la vitesse.
Vers la fin des années 1960, la France dispose d’un réseau ferroviaire dense, en cours d’électrification, adapté à ses besoins de transport de marchandises, le principal trafic. Mais face aux voyageurs qui délaissent le train pour la voiture qui équipe bientôt la moitié des foyers, la réaction de quelques jeunes ingénieurs de la SNCF prend dès 1966-1968 la forme d’une révolution : le projet d’un train très rapide, destiné aux seuls voyageurs, circulant sur une ligne nouvelle qui lui sera dédiée. Le projet de la ligne à grande vitesse Paris-Lyon, dont la construction commence en 1976, a marqué le début d’une nouvelle ère. Au programme : des trains plus légers et plus puissants, pour toujours plus de vitesse !
La priorité est donnée à l’axe Sud-Est Paris-Lyon, principale artère du réseau où la vitesse est inférieure à celle qui est possible sur certaines grandes lignes d’Europe. C’est en 1970 qu’est approuvé par les pouvoirs publics le « projet de desserte du Sud-Est à grande vitesse d’une ligne Paris-Lyon ».
Le 20 mars 1972 ont lieu les premiers essais du Turbotrain expérimental TGV 001 sur la ligne Belfort-Mulhouse. Il s’agit d’un “turbotrain”, un train équipé de turbines à gaz (comme un hélicoptère !) qui permettent par un alternateur d’alimenter en électricité les moteurs de traction. La vitesse maximale atteinte est de 314 km/h le 29 septembre 1972 sur la ligne des Landes Bordeaux-Bayonne, dont l’aspect rectiligne en fait un terrain favorable aux essais à grande vitesse : ce record du monde en « traction autonome » sur rail n’a pas été dépassé aujourd’hui.
Ce prototype a continué de rouler pour promouvoir le TGV à venir une fois que la décision a été prise de revenir à la traction électrique en 1974 : ses essais ont marqué les esprits dans la plaine d’Alsace, sur la ligne droite des Landes… Il a été exposé en France et à l’étranger. Finalement, il a parcouru 456 690 kilomètres.
Ce prototype a ouvert la voie à la série des rames de TGV Paris-Sud-Est qui sont mises en service commercial entre Paris et Lyon dès le 27 septembre 1981, adoptant un orange plus “franc” et un nez plus fin. Il a aussi marqué l’imaginaire des Français, par sa forme et sa couleur notamment, dont le designer industriel Jacques Cooper, récemment disparu, est l’auteur. Afin, selon ses propres paroles, de concevoir un “train qui ne ressemble pas à un train” long de 92,9 mètres dans une logique d’aérodynamisme qui lui donne son nez étiré et son centre de gravité bas, il s’est appuyé sur les innovations automobiles de l’époque auxquelles il avait beaucoup contribué.
Sa couleur orange sanguine, emblématique des années pop, et son aménagement intérieur innovant – salles sans compartiments, fauteuils, climatisation comme dans les Corail, voiture-bar, etc. – en font un véritable objet phare de son temps. Deux motrices de ce train de légende, inscrites depuis 1996 au titre des monuments historiques, nous sont restées et sont visibles à Belfort et à Bischheim.
La Grande Vitesse en France déjà une histoire longue marquée par des innovations, des tournants, des accélérations… Promesse de nouvelles avancées en matière de durabilité et d’accessibilité pour tous les Français, le TGV reste un domaine privilégié de l’innovation ferroviaire… et du #PatrimoineSNCF.
- Rendez-vous sur la page « Podcasts » pour en apprendre davantage avec notre podcast sur l’invention du TGV : https://shows.acast.com/sncf-chemins-de-faire/episodes/saison-2-chemin-de-faire-episode-1
- et la réponse à la question que vous vous posez : « Pourquoi le TGV était-il orange? » https://shows.acast.com/sncf-chemins-de-faire/episodes/saison-2-chemin-de-faire-episode-2
« Train à Grande vitesse type P.S.E partie avant de la motrice », SNCF, SARDO