Né le 11 octobre 1906 à Nantes (Loire-Inférieure)
Fusillé comme otage le 22 octobre 1941 au Mont-Valérien à Suresnes (Seine).
Marcel (Henri, Eugène) Hévin débute sa carrière aux chemins de fer en octobre 1924, comme mineur à la Compagnie du Paris-Orléans. En mai 1925, il devient mineur dessinateur-calqueur. Rentré dans ses foyers au terme de son service militaire (novembre 1926-juin 1929), il retrouve son emploi à la compagnie avant d’être nommé dessinateur-projeteur en octobre 1936, au service de la Voie et des Bâtiments à Nantes. Deux ans plus tôt, il a épousé à Nantes Simone Poirier, qui donnera naissance à deux garçons, Jacques et Daniel. La famille habite boulevard Gabriel-Lauriol.
Dès l’automne 1940, Marcel Hévin entreprend de résister à l’occupant allemand, en rassemblant des jeunes de son quartier et en assistant certains d’entre eux dans leur tentative de rejoindre la France libre. Avec d’autres, il est présent lors de la manifestation patriotique du 11 novembre 1940 et se rend au cimetière nantais de La Gaudinière pour fleurir les tombes des soldats britanniques. L’action déployée par Marcel Hévin dans le domaine du renseignement est tout aussi précoce ; il réussit à photographier la base aérienne de Château-Bougon et collecte des informations sur les mouvements de troupes, qui parviennent ensuite au réseau Confrérie Notre-Dame du colonel Rémy.
C’est dans le domaine de l’évasion des militaires britanniques que Marcel Hévin concentre ses efforts. En août 1941, il aide à faire évader un rescapé du corps expéditionnaire britannique, le soldat Ralph Goldney qui, blessé, était encore hospitalisé à Nantes. Il l’héberge quelques jours avant son exfiltration réussie en zone libre le 10 octobre 1941. Au total, Marcel Hévin devait participer au sauvetage et au camouflage de cinq Britanniques, dont deux aviateurs recueillis à Lanvallon. C’est pourquoi ses services dans la Résistance furent homologués au titre du réseau Shelburn à compter d’octobre 1940 et que le titre d’Interné résistant lui a été attribué le 12 mai 1953.
Mais l’Abwehr semble déjà bien informée, par l’intermédiaire d’un de ses agents, André Barrault (jugé et exécuté en 1945), qui est parvenu à infiltrer le groupe Veper, lequel agit de concert avec le groupe Hévin, dit « Pat ». Le 25 avril 1941, la GFP [Geheimfeldpolizei police secrète de campagne] arrête Marcel Hévin à son travail et l’enferme à la prison Lafayette de Nantes avant de le transférer le 1er octobre à Romainville. Les services allemands ayant décidé de ne pas le juger, il y est placé en détention administrative.
Mais, le 20 octobre, le Feldkommandant Hotz de Nantes est abattu par un groupe armé communiste. En représailles, Hitler demande l’exécution de dizaines d’otages. Il faut rapidement établir une liste, sur laquelle figure le nom de Marcel Hévin. Le 22 octobre, à 14 h 30, celui-ci est remis au lieutenant Forster pour être exécuté au Mont-Valérien.
Marcel Hévin est inhumé au cimetière d’Ivry-sur-Seine ; il repose aujourd’hui au cimetière de la Miséricorde à Nantes. Dans cette ville, son souvenir est perpétué grâce à deux plaques commémoratives apposées à la gare.
Photo : Marcel Hévin lors de son mariage. Archives familiales.
Sources : SNCF, 00118 LM 110/2 ; SNCF, 2001/001/ATDIV/271/45 ; SNCF, 2008/024/ÉTAT/655/3 ;SHD DAVCC, 21 P 463236 ; National archives Kew, WO 208/3309 ; AD Loire-Atlantique, 27 J 50 ;RM ; CGC ; DBMOF ; C. Pennetier, J.-P. Besse, T. Pouty et D. Leneveu (dir.), Les Fusillés, 2015.
Extrait de l’ouvrage Les Cheminots victimes de la répression, 1940-1945. Livre mémorial (Paris, Perrin/Rails et histoire/SNCF, 2017).