Que vous soyez un usager régulier de la gare de Reims ou que vous veniez visiter – en train ou non – cette belle ville, ne passez pas à côté des merveilles de « La Magnifique » ! Hervé Chatriot, qui est lui-même cheminot en gare de Reims, a eu à cœur de faire découvrir au grand public par un ouvrage riche en archives et en images les secrets de l’épopée ferroviaire rémoise, de sa conception à ses continuelles métamorphoses. En attendant de vous plonger dans cet ouvrage passionnant, nous vous avons sélectionné sept anecdotes insolites parmi les nombreuses histoires qui entourent la gare de Reims !
- La construction de la gare de Reims a donné lieu à une rivalité entre les villes d’Épernay et de Reims : c’est à laquelle capterait la première une ligne de chemin de fer pour devenir la porte ouverte vers le grand Est. C’est Épernay qui l’emporte : il faut attendre cinq ans pour que le chemin de fer arrive à Reims en mai 1854. La gare de Reims devient ensuite le centre d’une étoile ferroviaire desservant la Belgique via Charleville, qui s’étend vers Tergnier, Laon, Soissons, Châlons…
- La première gare de Reims était une remise ! Au lieu de construire un “bâtiment voyageurs” provisoire et destiné à être détruit, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg, chargée de l’exploitation de la gare, choisit d’affecter à l’accueil des voyageurs une future remise à voitures de chemin de fer qui a accueilli les voyageurs de 1854 à 1860.
- En 1854, les membres d’une commission municipale chargée de désigner le futur emplacement de la nouvelle gare en projet ont l’idée pour le moins originale de commander des toiles peintes en trompe l’œil représentant la future gare afin de tester, en grandeur nature, son positionnement. Cette coûteuse simulation a fait beaucoup parler d’elle, mais n’a pas été inutile, puisque le conseil municipal a ainsi pris conscience de l’inadéquation de l’emplacement pressenti qui enlaidissait un quartier dont on voulait qu’il soit une vitrine de la beauté et de la modernité de Reims. Un nouvel emplacement est décidé, ainsi qu’une refonte du quartier et notamment le percement d’une avenue. La nouvelle gare, au coût colossal, mérite son surnom de « La magnifique » : signée Félix Langlais, sa façade est longue de 105 mètres, comporte trois pavillons et un buffet. Quant aux immenses toiles la représentant, elles sont données au théâtre pour servir de décor.
- François Ménécier, chef de la gare de Reims en pleine guerre de 1870, Paul Raulin pendant la Première Guerre mondiale et Marcel Falala, résistant et rescapé de Dachau durant la Seconde Guerre mondiale, ont tous trois reçu la Légion d’honneur en reconnaissance de leur action courageuse pendant ces trois conflits qui ont meurtri la ville.
- La gare de Reims a accueilli d’illustres visiteurs ! En 1854, l’empereur Napoléon III lui-même assiste à l’inauguration de l’arrivée du chemin de fer à Reims. La nouvelle gare de Reims inaugurée en 1860 a quant à elle vu défiler les présidents de la République Sadi Carnot en 1891 et Félix Faure en 1896, le tsar de Russie Nicolas II en 1901 ou encore le chef du gouvernement de l’Union soviétique Nikita Khrouchtchev lors de sa tournée en France en 1960.
- Les sous-sols de la gare de Reims renferment toutes sortes d’activités insolites : on y trouve les archives de la région SNCF et de la gare, le stand de tir de l’Union sportive des cheminots de Reims, installé ici depuis 1973, ou encore un abri de défense passive qu’il a été question de transformer en abri antiatomique pendant la guerre froide !
- Vous pouvez admirer en gare de Reims une locomotive à vapeur 140 C numéro de série 313 sauvegardée et rénovée en 1974 à la demande du maire de Reims Jean Taittinger en hommage à sa femme, artiste férue de trains. C’est pour cela que la locomotive est surnommée Wladimir, du nom de leur plus jeune enfant. Fabriquée à Glasgow en Ecosse, Wladimir a survécu à une périlleuse traversée transmanche pendant la Première Guerre mondiale et aux destructions et réquisitions de la Deuxième Guerre mondiale. Elle aurait aussi pu être détruite à la fin de son service commercial. Aujourd’hui, sur 273 exemplaires de la série de locomotives 140 C, il n’en reste plus que 8 au monde, dont Wladimir !
Pour aller plus loin : Hervé Chatriot, Reims la Magnifique, Liralest ; Le Pythagore Editions, 2023.