Mémoire

SAINTECATHERINE Jean

Né le 28 mars 1889 à Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 25 ou le 26 août 1943 à Wiener Neustadt (Autriche). Forgeron-charron de métier, Jean Saintecatherine entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 25 janvier 1919, comme ouvrier à l’entretien à la gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne), après avoir effectué deux ans de service […]

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Né le 28 mars 1889 à Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 25 ou le 26 août 1943 à Wiener Neustadt (Autriche).

Forgeron-charron de métier, Jean Saintecatherine entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 25 janvier 1919, comme ouvrier à l’entretien à la gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne), après avoir effectué deux ans de service militaire et avoir été mobilisé comme soldat de 2e classe du 2 août 1914 au 7 janvier 1919. Rayé des cadres pour faits de grève le 15 mai 1920, il travaille comme ouvrier forgeron chez plusieurs patrons de la région. Le 18 décembre 1933, il est réintégré à la compagnie et occupe alors un poste d’ajusteur-monteur au dépôt de Limoges, avant de rejoindre la gare de Limoges-Puy-Imbert le 1er septembre 1936, comme ouvrier ajusteur à l’entretien. Pendant l’Occupation, il est plus particulièrement employé à la préparation et à l’entretien des freins. Ancien militant très actif du parti communiste, il est bien noté par ses chefs, qui estiment qu’il a cessé toute activité politique. Ce passé l’amène toutefois à être interrogé le 11 octobre 1940, date à laquelle son domicile est perquisitionné. Il déclare alors avoir adhéré au parti socialiste en 1918 et avoir milité avec le parti communiste à partir de la scission intervenue au congrès de Tours en 1921. En 1928, il a été exclu de ce parti pour divergences de vue avec le secrétaire régional. Il a par la suite abandonné toute activité politique.

Après le décès de son épouse Catherine (née Maneix), Jean Saintecatherine s’était remarié le 17 juin 1922 avec Jeanne Pourçat. Avec elle, il a eu deux enfants : René (né le 8 janvier 1934) et Jacques (1er juin 1936). Il était déjà père de quatre enfants issus de son premier mariage : Rémy (né le 25 octobre 1913), cheminot à Argenton-sur-Creuse, Raymond (23 novembre 1916), Henri (8 avril 1923), auxiliaire à la gare de Limoges-Bénédictins, et Odette (22 février 1925), épouse de Paul Virandin, auxiliaire à la gare de Limoges-Puy-Imbert.

Avec d’autres cheminots de Limoges, il s’engage dans la Résistance et, sous les ordres d’André Boissard, il aide à la formation de groupes de sabotage. Le 2 mars 1943, il est arrêté à son domicile, tout proche de la gare, au 53, rue Jean-Dorat, à Limoges, par les autorités allemandes, qui procèdent à cette époque à de nombreuses arrestations d’hommes connus ou suspectés d’être des opposants politiques, en vue d’atteindre les objectifs fixés par le décret Meerschaum (écume de mer), qui prévoit la déportation dans les camps de concentration de 35 000 détenus « aptes au travail ». D’abord interné au petit séminaire à Limoges, Jean Saintecatherine est ensuite emmené à Compiègne-Royallieu (no 11450). Le 11 mars 1943, il écrit pour la dernière fois à sa famille. Le 16 avril, il est déporté dans le premier convoi massif de près de 1 000 hommes dirigé vers Mauthausen, en compagnie d’André Boissard et du cheminot Jean Chabaud. Le 18 avril 1943, il y est enregistré sous le matricule 26855. Après une période de quarantaine, il est transféré le 10 mai 1943 vers le camp annexe de Gusen où, devenu le matricule 109, il est affecté comme spécialiste (Facharbeiter) à la production d’armes pour le compte de la firme Steyr-Daimler-Puch AG (Rüstung Steyr). Il reste à Gusen jusqu’au 2 août. Ramené à Mauthausen, il est transféré à Wiener Neustadt, où les détenus travaillent à la production d’armes balistiques au bénéfice de la firme Rax. Jean Saintecatherine y meurt le 25 ou le 26 août 1943, des conditions de détention qu’il a endurées depuis son arrestation.

Il a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre de Déporté résistant le 27 octobre 1955. La SNCF a inscrit son nom sur le monument de la gare de Limoges-Bénédictins.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; 303 LM 015/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 537957, MA 7/11, 7/12, 7/15, 11/3, 41/3, 7/12, 42/3, 26 P 2274 (Häftling Personalkarte) ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

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