Né le 10 octobre 1897 à Arles (Bouches-du-Rhône) – Mort en déportation le 23 mars 1945 à Linz III (Autriche).
Pierre (Marius) Souchon est le fils de Marius Souchon, tailleur de pierres, et de son épouse, Marie Jehan. D’abord maçon, affecté pendant la Première Guerre mondiale aux 10e et 9e régiments de cuirassiers, puis au 20e dragons, il est en 1920 manoeuvre au PLM à Arles. Il se marie dans cette ville en 1921, avec Delphine Camus. En 1941, père de deux enfants, il travaille comme conducteur de machines-outils (fraiseur) aux ateliers d’Arles. Ces ateliers ferroviaires SNCF, ex-PLM, créés au xixe siècle, ont vu leurs effectifs diminuer fortement dans les années 1930. Ils emploient toujours, en 1940, plusieurs centaines d’ouvriers (près de 600). Le parti communiste s’y reconstitue rapidement. Le 6 juin 1941, la 9e brigade mobile de Marseille arrête Pierre Souchon et sept autres cheminots des ateliers d’Arles (Louis Deguilhem*, Fernand Fournier*, Charles Gardiol, Joseph Peloux, Adolphe Piche, Claude Pin*, Charles Raymond) pour menées antinationales et distribution de tracts communistes.
Comme ses camarades, Pierre Souchon est jugé, en juillet 1941, par le tribunal correctionnel de Tarascon, puis traduit devant le tribunal militaire de la XVe région à Marseille. Le 6 septembre 1941, celui-ci condamne les inculpés à des peines qui s’échelonnent de vingt ans de travaux forcés à cinq ans de prison, accompagnées d’amendes, de dégradation civique et d’interdictions de séjour. Pierre Souchon est condamné à cinq ans de travaux forcés, commués en dix-huit mois de prison. Immédiatement révoqués de la SNCF, les huit cheminots sont incarcérés à la prison Saint-Roch de Toulon (Var) ou à la centrale de Nîmes (Gard). Sept d’entre eux, dont Pierre Souchon, sont transférés à la centrale d’Eysses, à Villeneuvesur-Lot (Lot-et Garonne). Ils participent, dans cette prison, à l’organisation communiste clandestine et, le 19 février 1944, à une tentative d’évasion collective qui échoue. La répression est féroce. Cinquante détenus sont pris comme otages et 12 d’entre eux sont fusillés le 23 février 1944, après condamnation par une cour martiale de la Milice.
Le 30 mai 1944, plus de 1 100 détenus d’Eysses sont livrés aux Allemands et transférés à Compiègne (Oise). Le 18 juin 1944, un transport de plus de 2 100 hommes y est organisé pour le camp de Dachau, composé pour moitié des anciens détenus d’Eysses. Parmi eux, Pierre Souchon et quatre des huit cheminots arlésiens. Le convoi arrive à Dachau le 20 juin, en fin d’après midi. Le 18 août 1944, Pierre Souchon, immatriculé 74012, est transféré à Mauthausen (Autriche) et affecté le 31 août au Kommando Linz III. Il y meurt le 23 mars 1945.
Il a été reconnu « Mort pour la France » et Déporté résistant. Il figure sur la plaque commémorative des ateliers d’Arles (déplacée à la gare) avec Louis Deguilhem*, Fernand Fournier*, Claude Pin*, sous l’inscription : « Morts en camp de concentration ». À Marseille, son nom est gravé sur la colonne octogonale dédiée aux 446 agents SNCF « des 8e arrondissements morts pour la France », érigée dans le square de la gare Saint-Charles.
Robert Mencherini
Sources : SNCF, CXXV.3 118 LM 109/2 ; SHD DAVCC, 21 P 540210 ; AD Bouches-du-Rhône, 1R 1416 ; RM ; CGC ; FMD ;
Amicale des anciens d’Eysses, Eysses contre Vichy, 1940-…, 1992 ; N. Koukas, « La Résistance à Arles, 1940-1944 »,
mémoire de maîtrise d’histoire, 1997 ; R. Mencherini, Cheminots en Provence. Les années de guerre, 2012.