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Mémoire

Raymond Persignant (15 décembre 1921 – 19 novembre 1944)

Né le 15 décembre 1921 au Mans (Sarthe) – mort au combat le 19 novembre 1944 à Fenneviller (Meurthe-et-Moselle).    Raymond Persignant, né le 15 décembre 1921 au Mans, est un cheminot français tué pendant de la Seconde Guerre mondiale, le 19 novembre 1944, à Fenneviller, en Meurthe-et-Moselle. Engagé dans la 2e Division Blindée du […]

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GERBEVILLER – Fin octobre 1944 – Au centre notre camarade PERSIGANT, de garde devent le P.C. du Général LECLERC, quelques semaines avant sa mort au combat de FENNEVILLIER le 19 novembre 1944. Source : FENOUILLERE, Jacques, Le peloton du Général Leclerc, Ed. MULLER, Issy-les-Moulineaux, 2002 (2e édition)

Né le 15 décembre 1921 au Mans (Sarthe) – mort au combat le 19 novembre 1944 à Fenneviller (Meurthe-et-Moselle). 

 

Raymond Persignant, né le 15 décembre 1921 au Mans, est un cheminot français tué pendant de la Seconde Guerre mondiale, le 19 novembre 1944, à Fenneviller, en Meurthe-et-Moselle. Engagé dans la 2e Division Blindée du général Leclerc, il est mort au combat lors d’une opération de reconnaissance. 

Raymond Persignant grandit au Mans, où il vit avec ses parents Gustave et Marie Persignant au 35, rue Louis-Garnier. Après sa scolarité, il fait son apprentissage au Centre d’apprentissage des Chemins de fer de l’État, rue de Bretagne, avant d’être embauché aux Ateliers du Mans, où il travaille comme mineur ouvrier jusqu’à ses 21 ans au Service du Matériel de la SNCF, emploi qu’il occupe jusqu’à son engagement dans l’armée. 

Au printemps 1944, après la Libération du Mans, Raymond Persignant s’engage dans la 2e Division Blindée (2e D.B.), unité emblématique de la France libre, sous le commandement du général Leclerc. Affecté au Peloton de garde et de protection du général, il prend part aux combats de la division dans l’Est de la France, notamment lors de la libération de Badonviller, en Meurthe-et-Moselle, à 80 km de Strasbourg le 17 novembre 1944, et de la progression vers Fenneviller, quelques jours plus tard. 

Le 19 novembre 1944, lors d’une opération de reconnaissance à Fenneviller, Raymond Persignant fait partie d’un groupe de soldats chargé de sécuriser une zone encore sous le feu ennemi. Le groupe est surpris à découvert par un bataillon de chasseurs de montagne allemands et, après plus de trois heures de combats, deux hommes, dont Persignant, sont tués. Son camarade Paul Tanach, lui aussi Manceau et âgé de 19 ans, ramène son corps à Fennewiller. Il écrit dans son témoignage « Le 19 novembre 1944 restera pour moi le jour le plus long et le plus dur de ma vie ». 

À titre posthume, Raymond Persignant est décoré de la Croix de guerre avec étoile d’argent, en reconnaissance de son acte de bravoure lors de cette mission. Il est cité à l’Ordre de la Division pour s’être porté volontaire afin de dégager une patrouille amie et avoir fait face à l’ennemi jusqu’à sa mort. 

Le nom de Raymond Persignant est gravé sur le monument de la 2e DB à Paris ainsi que sur le monument des anciens du Peloton de garde et de protection du général Leclerc à Daubensand, dans le Bas-Rhin. Au Mans, une rue porte son nom en hommage à son sacrifice. 

 

Ordre général n° 2 du 3 janvier 1945 – Citations à l’Ordre de la Division (croix de guerre avec étoile d’argent) 

À titre posthume 

Compagnie de Quartier Général 97 

PERSIGANT – Cavalier 

« Belle figure de soldat. Le 19.11.1944. aux environs de BADONVILLER, s’est porté volontaire pour dégager une patrouille amie, a trouvé la mort en faisant feu sur l’ennemi avec son arme automatique. » 

 

 

Plaque commémorative de l’ancien centre d’apprentissage du matériel au Mans, 2, rue de Bretagne © M.-N. Polino / SNCF

 

© Cercle généalogique des cheminots

 

Extrait du Livre d’or de la 2e DB, Musée de la Libération de Paris – musée du Général Leclerc – musée Jean Moulin

 

Ordre général n° 2 du 3 janvier 1945 – Citations à l’Ordre de la Division (croix de guerre avec étoile d’argent), Musée de la Libération de Paris – musée du Général Leclerc – musée Jean Moulin, inv. 2002.2206

 

Gazette, Mémoire

À la mémoire des cheminots qui ont participé à la libération de Strasbourg le 23 novembre 1944

En cette année du 80e anniversaire de la libération de la France, nous suivons les cheminots tout au long des étapes des combats : après l’évocation de leur rôle dans la paralysie du réseau ferroviaire qui devait emmener les renforts allemands vers les plages du Débarquement, lors des combats meurtriers de l’été 1944 et dans la […]

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En cette année du 80e anniversaire de la libération de la France, nous suivons les cheminots tout au long des étapes des combats : après l’évocation de leur rôle dans la paralysie du réseau ferroviaire qui devait emmener les renforts allemands vers les plages du Débarquement, lors des combats meurtriers de l’été 1944 et dans la semaine décisive de la Libération de Paris, voici la libération de Strasbourg, le 23 novembre 1944, étape décisive et surtout symbolique du recouvrement des territoires annexés pendant quatre ans. 

Dix-huit mois après sa création le 1er janvier 1938, la SNCF, entreprise majoritairement contrôlée par l’État qui compte alors 500 000 employés, se retrouve rapidement plongée dans la guerre, puis dans l’Occupation qui la place sous la double autorité de l’occupant nazi et du régime de Vichy. Le réseau ferroviaire en France est alors non seulement un objectif stratégique majeur pour les forces en présence, mais aussi un bien essentiel à préserver : son rôle économique est vital pour la vie quotidienne des Français, confrontés aux pénuries alimentaires et aux difficultés de déplacement. 

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, alors que les troupes alliées se rapprochent des plages de Normandie, la BBC diffuse 210 « messages personnels » qui transmettent l’instruction de déployer sur tout le territoire les dispositifs de mobilisation de la Résistance intérieure dans le but d’entraver le mouvement des forces allemandes pendant le Débarquement. 

Les cheminots qui ont fait le choix de rejoindre la Résistance sont appelés à conseiller et parfois à effectuer des actions de sabotage, en raison de leur connaissance du réseau et de leur accès aux informations sur le trafic ferroviaire. Ils jouent un rôle déterminant dans la mise en application du « Plan Vert » de coupures des voies ferrées élaboré dès 1943, qui permet à la « tête de pont » alliée en Normandie de tenir et, ensuite, aux troupes d’avancer vers le centre-ouest et Paris.  

En effet, le général de Gaulle, ayant obtenu du général Eisenhower la mission de libérer Paris, lance la 2e Division Blindée pour délivrer la capitale. Issue de la « colonne Leclerc » des Forces françaises libres constituées en 1941 en Lybie et forte de 16 000 hommes et de 5 000 véhicules, la 2e DB qui a débarqué en Normandie le 1er août 1944 entre la première à Paris le 24 août 1944 avant de progresser vers l’est de la France et l’Allemagne au premier trimestre 1945. Fidèle au serment fait par Philippe de Hauteclocque « Leclerc » à Koufra le 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg », la 2e DB entre à Strasbourg le 23 novembre 1944.  

Comment les cheminots ont-ils participé à cette étape décisive de la Libération ? 

Tout d’abord en combattant au sein de la 2e DB. L’annuaire des anciens de la 2e division blindée de 1949 ne compte en effet pas moins de 167 salariés de la SNCF déclarés. Bien sûr, seuls sont recensés les anciens de la division qui ont souhaité adhérer à cette association, et ceux qui ont déclaré leur profession. De plus, il s’agit de leur emploi en 1949, quatre ans après leur démobilisation. 

Quoi qu’il en soit, nous y retrouvons des cheminots de tous grades et services et dans toute la France : L’annuaire les classe en des catégories inégales, « employés SNCF (indéterminés) », « chauffeurs », « ajusteurs », « cheminots » ; ils se déclarent pour leur part comme ouvriers, mécaniciens, dessinateurs, agent technique, chef de district, surveillant, surveillant de train, serrurier, rédacteur, tourneur, ou tout simplement « agent ».

Nous savons aussi que plusieurs sont morts au combat en 1944-1945.  

Nous proposons ici deux parcours : celui de Raymond Persignant (ou Persigant), tué devant Strasbourg le 17 novembre 1944, et celui de Jean-Claude Huckendubler, qui a témoigné de son expérience de soldat. 

Ensuite, en prenant les armes dans les rangs des F.F.I., forces françaises de l’Intérieur.

Enfin, en reprenant la direction du réseau alsacien dirigé par la Reischbahn pendant quatre ans et en rétablissant le trafic ferroviaire pour assurer les transports militaires qui accompagneront la progression des alliés pendant l’hiver 1944-1945.  

Le Centre national des archives de la SNCF (Le Mans) conserve ainsi les fiches établies à la sortie de la guerre qui font état des décorations reçues par les agents de l’entreprise au titre de leurs services militaires . Or la croix de guerre, le plus souvent accordée, correspond à une « citation » dont le texte révèle la façon dont ils ont contribué à divers titres à la libération de Strasbourg et de l’Alsace.   

Ces fiches ont été rapprochées des dossiers de carrière et de pension conservés par le Centre des Archives du personnel de la SNCF à Béziers pour en savoir davantage sur chacun : la diversité de ces portraits illustre la variété des parcours au sein de l’entreprise. 

Il ne faut pas oublier les cheminots qui se sont engagés dans la résistance en zone annexée par le Reich allemand bien avant la Libération : pour leur rendre hommage, nous évoquons la figure de Georges Wodli, mort sous la torture dans la nuit du 1er au 2 avril 1943.

 

Deux parcours de cheminots qui ont combattu dans les rangs de la 2e Division Blindée :

Des cheminots membres des Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I.) qui ont participé à la Libération de Strasbourg :

Georges Wodli, symbole de la résistance cheminote en Alsace : 

 

 

 

Mémoire

THOMAS Lucien

Né le 26 juin 1914 à Nantiat (Haute-Vienne) – Abattu le 8 juin 1944 à Couzeix (Haute-Vienne). Manœuvre auxiliaire à Limoges, Lucien Thomas est marié et père de deux fils nés en 1939 et 1940. Le 8 juin 1944, vers 17 heures, la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] fait irruption dans […]

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Né le 26 juin 1914 à Nantiat (Haute-Vienne) – Abattu le 8 juin 1944 à Couzeix (Haute-Vienne).

Manœuvre auxiliaire à Limoges, Lucien Thomas est marié et père de deux fils nés en 1939 et 1940. Le 8 juin 1944, vers 17 heures, la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] fait irruption dans le dépôt de Limoges à la suite d’un sabotage. Camille Michel est aussitôt visé par une rafale de mitraillette et mortellement blessé. Les agents de l’atelier et des bureaux, y compris les femmes, sont rassemblés manu militari et descendus dans la fosse du chariot. Un membre de la Sipo-SD muni d’une liste appelle plusieurs noms, sans résultat, puis demande à consulter la feuille de service. À 18 h 30, les Allemands se retirent en emmenant le chef de dépôt, M. Lespès, ainsi que le manœuvre auxiliaire Alexandre Le Blanc.
Absents lors de la rafle, mais figurant sur la liste, Marie Antoine Gache, Henri Lavergne et Lucien Thomas sont recherchés. Ce dernier est intercepté en sortant de chez lui et abattu alors qu’il prenait la fuite.
Le titre d’Interné résistant lui est attribué le 28 octobre 1953. Son nom figure sur le monument aux morts du dépôt et sur la plaque de la gare de Limoges.

Hervé Barthélémy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 093 ; 303 LM 0020/0010 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, dossier statut ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots.

Mémoire

ROIFFÉ Paul

Né le 20 février 1909 à Sousse (Tunisie) – Exécuté le 26 mars 1944 à Brantôme (Dordogne). Marié et père de trois enfants, Paul (Charles, Émile) Roiffé est manœuvre auxiliaire au service de la Voie et des Bâtiments de Limoges (Haute-Vienne), et demeure à Coussac-Bonneval. Il fait partie du réseau Alliance sous les pseudonymes de […]

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Né le 20 février 1909 à Sousse (Tunisie) – Exécuté le 26 mars 1944 à Brantôme (Dordogne).

Marié et père de trois enfants, Paul (Charles, Émile) Roiffé est manœuvre auxiliaire au service de la Voie et des Bâtiments de Limoges (Haute-Vienne), et demeure à Coussac-Bonneval. Il fait partie du réseau Alliance sous les pseudonymes de « Patrice » et de « Trébourda », en qualité d’agent de renseignements du secteur Tunnel. Une coupure de presse non datée parue a la Libération dans La Marseillaise indique également son appartenance aux MUR [Mouvements unis de la Résistance] comme « chef du service des sabotages Fer région de Limoges ». Le 4 ou le 6 février 1944, Paul Roiffé est arrêté à Bordeaux (Gironde) et interné à Limoges. Le 25 mars, alors qu’il est toujours détenu, un événement scelle son destin. Il se produit au nord de Brantôme, sur la route d’Angoulême, à proximité de l’embranchement de la nationale 675 qui mène à Nontron. Un groupe de résistants attaque une voiture allemande, dont plusieurs occupants sont touchés. La réaction de la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] est immédiate et impitoyable. Le 26 mars, 25 détenus de la prison de Limoges, dont Paul Roiffé, sont extraits de leur cellule, emmenés en autocar à Brantôme, au lieu-dit Les Fontaines noires, et exécutés sans jugement, avec un domestique de ferme pris sur les lieux. Le lendemain, 25 autres personnes emprisonnées à Limoges et à Périgueux sont exécutées dans les mêmes conditions à Sainte-Marie-de-Chignac. Dans les deux cas, beaucoup ont été choisies parce que juives.
Le nom de Paul Roiffé figure sur la plaque commémorative apposée en gare de Limoges, où il existe une allée Paul-Roiffé, sur le monument de la ville qui honore les victimes de la guerre 1939-1945, et sur celui de Brantôme.

Stéphane Robine

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 146140 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Amicale de l’Alliance, Mémorial de l’Alliance, 1947 ; F. Cordet, Carnets de guerre en Charente, 2004.

Mémoire

MOULY Roger

Né le 16 septembre 1921 a Monbalen (Lot-et-Garonne) – Arrêté dans le Reich, condamné a mort et guillotiné le 13 septembre 1944 à Brandebourg-Görden (Allemagne). Roger Mouly est le fils des cheminots Pierre Mouly et Marie-Madeleine Aupetit, domiciliés à Réchignac, commune de Saint-Jory-de-Chalais (Dordogne), au passage à niveau 260. Célibataire, il habite 59, rue Champlain, […]

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Né le 16 septembre 1921 a Monbalen (Lot-et-Garonne) – Arrêté dans le Reich, condamné a mort et guillotiné le 13 septembre 1944 à Brandebourg-Görden (Allemagne).

Roger Mouly est le fils des cheminots Pierre Mouly et Marie-Madeleine Aupetit, domiciliés à Réchignac, commune de Saint-Jory-de-Chalais (Dordogne), au passage à niveau 260. Célibataire, il habite 59, rue Champlain, à Limoges (Haute-Vienne), où il entre le 9 août 1942 à la SNCF comme auxiliaire. Devenu homme d’équipe a l’essai le 30 septembre suivant, il est détaché le 19 janvier 1943 à Braunschweig (Brunswick) où il est employé par la Deutsche Reichsbahn à la gare de triage avec d’autres cheminots français, requis comme lui. Le petit groupe fait rapidement preuve de mauvaise volonté au travail et se livre assez ouvertement à une importante propagande antiallemande, affichant notamment son soutien envers les Alliés. Bientôt, les cheminots français se livrent à des actes de sabotage à la gare. Lors de la composition des trains, il leur arrive, par exemple, d’aiguiller les rames dans une direction contraire à celle qui était prévue, ou de provoquer leur collision en omettant volontairement de placer sur la voie le sabot d’enrayage qui permet de les freiner. Des wagons et leur contenu sont ainsi parfois sévèrement endommagés, lors du choc de l’accostage.

Mais leur activité est rapidement neutralisée. Le 11 octobre 1943, Roger Mouly est arrêté en compagnie de 13 de ses camarades sur dénonciation d’un travailleur volontaire français et d’un Alsacien. Placés en préventive, ils comparaissent les 19 et 20 juillet 1944 devant le Kammergericht [cour d’appel provinciale] de Berlin venu siéger à Braunschweig. Tous sont condamnés à mort pour « aide à l’ennemi », mais trois voient finalement leur peine commuée en celle de travaux forcés. Au lendemain du procès, ils sont conduits à la prison de Wolfenbüttel, puis peu après à la prison de Brandebourg-Görden pour y être exécutés. Roger Mouly est décapité le 13 septembre 1944, à 11 h 53.

Le titre de Déporté résistant lui a été attribué le 15 avril 1957. La SNCF a gravé son nom sur la plaque commémorative de la gare de Limoges-Bénédictins. Une plaque commémorative bilingue est dédiée à Roger Mouly et à ses camarades en gare de Brandebourg-sur-la-Havel.

Arnaud Boulligny

Sources : Archives SNCF, 118 LM 064/3 ; B00012862, D00165798 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 518862 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

MICHEL Camille

Né le 23 octobre 1905 a Vigeville (Creuse) – Abattu lors de son arrestation le 8 juin 1944 à Limoges (Haute-Vienne). Le 8 juin 1944, vers 17 heures, la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] fait irruption dans le dépôt de Limoges. Camille Michel, ouvrier ajusteur, a peut-être alors tenté de fuir, […]

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Né le 23 octobre 1905 a Vigeville (Creuse) – Abattu lors de son arrestation le 8 juin 1944 à Limoges (Haute-Vienne).

Le 8 juin 1944, vers 17 heures, la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] fait irruption dans le dépôt de Limoges. Camille Michel, ouvrier ajusteur, a peut-être alors tenté de fuir, toujours est-il qu’il est fauché par une rafale de pistolet-mitrailleur. Il est abandonné à son sort, gisant dans une fosse de la remise nord, sous une machine. Son collègue Michel Barthélémy a été blessé au bras. Les agents de l’atelier et des bureaux, y compris les femmes, sont rassemblés manu militari et descendus dans la fosse du chariot. Un membre de la Sipo-SD muni d’une liste appelle plusieurs noms, sans résultat, puis demande à consulter la feuille de service. À 18 h 30, les Allemands se retirent en emmenant le chef de dépôt, M. Lespès, ainsi que le manœuvre auxiliaire Alexandre Le Blanc. Entre-temps, les policiers ont consenti à ce que les premiers soins soient prodigués aux blessés. Mais il est trop tard pour Camille Michel, qui meurt le soir même à son domicile, après avoir été ramené de l’hôpital. Il était marié et père de famille. Absents lors de la rafle, deux autres cheminots sont recherchés : le chef de brigade de manœuvres Henri Lavergne est arrêté chez lui, tandis que Lucien Thomas sera abattu en tentant de s’enfuir. Le titre d’Interné politique a été attribué à Camille Michel en 1947. Porté sur le monument aux morts du dépôt, son nom est visible aussi dans le hall de la gare de Limoges-Bénédictins.

Hervé Barthélémy, Stéphane Robine

Sources : Archives SNCF, 18 LM 095/10 ; 118 LM 055 ; D00164472, B00012775 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 378349, 21 P 597877 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots.

Mémoire

SARRETTE Louis

Né le 16 octobre 1902 à Milhac-d’Auberoche (Dordogne) – Mort en déportation le 21 novembre 1944 à Melk (Autriche). Fils d’un sous-chef de brigade, Louis Sarrette entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 26 août 1918 comme auxiliaire stagiaire à Bergerac (Dordogne). Après avoir été titularisé le 1er septembre 1918, il part à Saint-Laurent-des-Combes (Gironde) […]

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Né le 16 octobre 1902 à Milhac-d’Auberoche (Dordogne) – Mort en déportation le 21 novembre 1944 à Melk (Autriche).

Fils d’un sous-chef de brigade, Louis Sarrette entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 26 août 1918 comme auxiliaire stagiaire à Bergerac (Dordogne). Après avoir été titularisé le 1er septembre 1918, il part à Saint-Laurent-des-Combes (Gironde) le 11 avril 1920, où il est d’abord stagiaire, puis élève-bureau à compter du 1er octobre 1920. À partir du 9 avril 1921, il occupe un emploi identique à Sainte-Foy-la-Grande et passe mineur facteur (employé commercial de moins de 21 ans) le 1er mai 1922. Le 7 novembre 1922, il démissionne pour effectuer son service militaire au 144e régiment d’infanterie jusqu’en mai 1924. Après avoir quitté l’armée, il est facteur mixte à l’essai à La Coquille (Dordogne), puis occupe le même poste à Donzenac (Corrèze) à partir du 24 mars 1925, avant de retourner à La Coquille un mois plus tard. Il passe facteur mixte le 3 juillet. Le 30 août 1927, il est muté dans le même emploi à Thiviers. Il rejoint Nexon (Haute-Vienne) le 19 mars 1935, ou il est nommé facteur enregistrant. Le 7 octobre 1937, il passe chef de gare intérimaire de 2e classe à Limoges avant de devenir sous-chef de cette gare (2e classe) le 22 décembre 1938. Le 27 décembre 1928, Louis Sarrette avait épousé Eugénie Bernard. Ils ont deux filles : Henriette, née le 30 janvier 1935, et Annette, le 11 février 1940. Fin 1941, il se met à distribuer des documents de propagande antiallemands. En novembre 1942, la résistance des cheminots de la gare de Limoges-Bénédictins puis des alentours s’organise sous la direction de Paul Vives-Caillat, dont Louis Sarrette devient l’adjoint. Responsable de la diffusion des tracts et de la presse clandestine, il fournit également des renseignements sur les mouvements ferroviaires et des indications pour les sabotages de voies. Le 31 janvier 1944, vers midi, deux civils sonnent au 23, rue Petiniaud-Dubos, domicile des époux Sarrette, situé à deux pas de la gare. Après être descendu pour ouvrir, Louis Sarrette remonte terminer son déjeuner sans s’occuper des deux hommes venus chercher le locataire du rez-de-chaussée. N’ayant pas trouvé l’homme qu’ils cherchaient, les inspecteurs allemands vont chez les époux Sarrette et constatent l’absence de Mme Sarrette sortie faire une course. Ils accusent son mari de l’avoir envoyée prévenir celui qu’ils étaient venus arrêter et l’arrêtent à son tour. Incarcéré à Limoges, Louis Sarrette est transféré le 9 mars 1944 à Compiègne-Royallieu, où les Allemands lui attribuent le no 29021. Le 6 avril, il est déporté à Mauthausen avec près de 1 500 hommes. Le 8 avril, il est immatriculé 63138 et, le 24, il fait partie du deuxième groupe de détenus envoyé vers le nouveau camp annexe de Melk, ouvert trois jours plus tôt. Ce site a été choisi comme lieu d’implantation d’un nouveau camp en raison notamment de son sous-sol qui sera à l’origine du nom de code du projet auquel travaillent les détenus : le projet Quarz. Ces derniers sont placés dans les bâtiments de la caserne von Birago. Dans ce camp, il est affecté à un poste de manœuvre (Hilfsarbeiter). Louis Sarrette est mort à Melk le 21 novembre 1944.

« Mort pour la France », il a obtenu le titre de Déporté résistant le 14 octobre 1954. Il est titulaire de la Médaille de la Résistance. Son nom a été porté sur la plaque de la gare de Limoges.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; 2005/028/ÉTAT/90/2 ; MIC 1998/4937 D00172672, B00013163 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 535886, LA 8538, MA 13/3, 16/2, 41/5, 36, 39/3, 21 P 1132 (registre matriculaire original du camp de Mauthausen) ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

SARRE Jean-Paul

Né le 22 janvier 1899 à Pierre-Buffière (Haute-Vienne) – Disparu en déportation en 1945 à Buchenwald (Allemagne). Ancien combattant volontaire lors de la Première Guerre mondiale, du 29 septembre 1916 au 29 septembre 1919, successivement au 1er zouaves et au 3e génie, Jean-Paul Sarre est auxiliaire à la Compagnie du Paris-Orléans à Limoges à partir […]

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Né le 22 janvier 1899 à Pierre-Buffière (Haute-Vienne) – Disparu en déportation en 1945 à Buchenwald (Allemagne).

Ancien combattant volontaire lors de la Première Guerre mondiale, du 29 septembre 1916 au 29 septembre 1919, successivement au 1er zouaves et au 3e génie, Jean-Paul Sarre est auxiliaire à la Compagnie du Paris-Orléans à Limoges à partir du 1er mars 1920, avant d’entrer véritablement dans la compagnie le 8 mai suivant comme homme d’équipe à l’essai en gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne). Le 2 août 1922, il est muté à Puy-Imbert (Haute-Vienne) et il ne revient à la gare de Limoges-Bénédictins que le 20 décembre 1934 comme facteur mixte [employé commercial], avant de passer facteur le 21 mars 1940. Secrétaire au bureau des sous-chefs de la gare de Limoges-Bénédictins, il est bien noté par ses chefs. Jean-Paul Sarre et sa femme Mathilde (née Chassaing), qu’il a épousée le 31 décembre 1921, ont trois enfants : Maurice (né le 22 septembre 1922), Simone (31 janvier 1925) et Jeanne (30 avril 1926). Avant guerre, il avait été secrétaire de la Ligue internationale des combattants de la paix pour la section de Limoges, mais il ne semblait plus avoir d’activité politique depuis le début des hostilités.

Depuis la fin de l’année 1942, Jean-Paul Sarre résiste dans l’un des groupes Fer de Paul Vives‑Caillat (responsable régional), distribuant du matériel et fournissant des renseignements sur les mouvements de l’ennemi. Le 7 mars 1943, vers 8 h 30, il est arrêté à son domicile de la rue Molière à Limoges par un civil et un militaire allemands qui auraient prétexté le besoin de le confronter avec un homme arrêté dans la nuit. Ce même jour, plusieurs autres habitants de la commune sont interpellés, dont le cheminot Jean Langlade. Après avoir été interné à la caserne du 6e cuirassiers, place Marceau à Limoges, il est transféré en train à Compiègne-Royallieu dans la nuit du 15 au 16 mars 1943, avec les personnes arrêtées le même jour que lui. Jean-Paul Sarre porte le no 12794. Le 26 mars, il est autorisé à écrire une carte à sa femme. Le 20 avril 1943, il est déporté à Mauthausen, dans un convoi de près de 1 000 hommes, dans le cadre de l’Aktion Meerschaum (écume de mer), qui a pour objectif la déportation de 35 000 hommes aptes au travail forcé. Il y est enregistré sous le matricule 28521. Le 15 juillet suivant, il est transféré au camp du Loibl Pass, où un premier groupe essentiellement composé de Français avait déjà été transféré le 2 juin lors de l’ouverture du camp. Répartis en deux camps implantés de part et d’autre du massif des Karawanken, les détenus travaillent au percement d’un tunnel routier pour le compte de la société Universale Hoch-und Tiefbau AG. Il y est autorisé à écrire une courte carte à son épouse. Après un an et demi passé au Loibl Pass, il est ramené au camp central le 17 novembre 1944, avant d’embarquer le 2 décembre 1944 dans un train conduisant 1 112 détenus à Auschwitz. En janvier 1945, alors que les troupes russes s’en approchent, Jean-Paul Sarre est transféré à Buchenwald, où il serait arrivé le 22 janvier 1945. Il aurait été admis au Block 51 puis au Block 28, et s’y serait encore trouvé le 7 avril 1945 d’après un relevé des fichiers du camp. Jean-Paul Sarre est ensuite porté disparu. « Mort pour la France », il a obtenu le titre de Déporté résistant le 11 février 1963. Il est titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre. Son nom est inscrit sur la plaque commémorative qui réunit les noms des agents de la SNCF des gares de Limoges, en gare de Limoges-Bénédictins.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; D00172659, B00013163 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 535885, 21 P 472525 (dossier de Jean Langlade), MA 7/11, 17/1 ; Archives privées P. S. Choumoff ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

SAINTECATHERINE Jean

Né le 28 mars 1889 à Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 25 ou le 26 août 1943 à Wiener Neustadt (Autriche). Forgeron-charron de métier, Jean Saintecatherine entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 25 janvier 1919, comme ouvrier à l’entretien à la gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne), après avoir effectué deux ans de service […]

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Né le 28 mars 1889 à Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 25 ou le 26 août 1943 à Wiener Neustadt (Autriche).

Forgeron-charron de métier, Jean Saintecatherine entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 25 janvier 1919, comme ouvrier à l’entretien à la gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne), après avoir effectué deux ans de service militaire et avoir été mobilisé comme soldat de 2e classe du 2 août 1914 au 7 janvier 1919. Rayé des cadres pour faits de grève le 15 mai 1920, il travaille comme ouvrier forgeron chez plusieurs patrons de la région. Le 18 décembre 1933, il est réintégré à la compagnie et occupe alors un poste d’ajusteur-monteur au dépôt de Limoges, avant de rejoindre la gare de Limoges-Puy-Imbert le 1er septembre 1936, comme ouvrier ajusteur à l’entretien. Pendant l’Occupation, il est plus particulièrement employé à la préparation et à l’entretien des freins. Ancien militant très actif du parti communiste, il est bien noté par ses chefs, qui estiment qu’il a cessé toute activité politique. Ce passé l’amène toutefois à être interrogé le 11 octobre 1940, date à laquelle son domicile est perquisitionné. Il déclare alors avoir adhéré au parti socialiste en 1918 et avoir milité avec le parti communiste à partir de la scission intervenue au congrès de Tours en 1921. En 1928, il a été exclu de ce parti pour divergences de vue avec le secrétaire régional. Il a par la suite abandonné toute activité politique.

Après le décès de son épouse Catherine (née Maneix), Jean Saintecatherine s’était remarié le 17 juin 1922 avec Jeanne Pourçat. Avec elle, il a eu deux enfants : René (né le 8 janvier 1934) et Jacques (1er juin 1936). Il était déjà père de quatre enfants issus de son premier mariage : Rémy (né le 25 octobre 1913), cheminot à Argenton-sur-Creuse, Raymond (23 novembre 1916), Henri (8 avril 1923), auxiliaire à la gare de Limoges-Bénédictins, et Odette (22 février 1925), épouse de Paul Virandin, auxiliaire à la gare de Limoges-Puy-Imbert.

Avec d’autres cheminots de Limoges, il s’engage dans la Résistance et, sous les ordres d’André Boissard, il aide à la formation de groupes de sabotage. Le 2 mars 1943, il est arrêté à son domicile, tout proche de la gare, au 53, rue Jean-Dorat, à Limoges, par les autorités allemandes, qui procèdent à cette époque à de nombreuses arrestations d’hommes connus ou suspectés d’être des opposants politiques, en vue d’atteindre les objectifs fixés par le décret Meerschaum (écume de mer), qui prévoit la déportation dans les camps de concentration de 35 000 détenus « aptes au travail ». D’abord interné au petit séminaire à Limoges, Jean Saintecatherine est ensuite emmené à Compiègne-Royallieu (no 11450). Le 11 mars 1943, il écrit pour la dernière fois à sa famille. Le 16 avril, il est déporté dans le premier convoi massif de près de 1 000 hommes dirigé vers Mauthausen, en compagnie d’André Boissard et du cheminot Jean Chabaud. Le 18 avril 1943, il y est enregistré sous le matricule 26855. Après une période de quarantaine, il est transféré le 10 mai 1943 vers le camp annexe de Gusen où, devenu le matricule 109, il est affecté comme spécialiste (Facharbeiter) à la production d’armes pour le compte de la firme Steyr-Daimler-Puch AG (Rüstung Steyr). Il reste à Gusen jusqu’au 2 août. Ramené à Mauthausen, il est transféré à Wiener Neustadt, où les détenus travaillent à la production d’armes balistiques au bénéfice de la firme Rax. Jean Saintecatherine y meurt le 25 ou le 26 août 1943, des conditions de détention qu’il a endurées depuis son arrestation.

Il a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre de Déporté résistant le 27 octobre 1955. La SNCF a inscrit son nom sur le monument de la gare de Limoges-Bénédictins.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; 303 LM 015/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 537957, MA 7/11, 7/12, 7/15, 11/3, 41/3, 7/12, 42/3, 26 P 2274 (Häftling Personalkarte) ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

QUINTON Marcel

Né le 13 novembre 1892 à Tours (Indre-et-Loire) – Mort avant son rapatriement le 25 mai 1945 à Schwerin (Allemagne). Marcel Quinton se marie en 1917 à Yvonne Bergeot. Ils auront deux enfants. En janvier 1919, il entre à la Compagnie du Paris-Orléans, dont il ne tarde pas à être renvoyé en raison de ses […]

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Né le 13 novembre 1892 à Tours (Indre-et-Loire) – Mort avant son rapatriement le 25 mai 1945 à Schwerin (Allemagne).

Marcel Quinton se marie en 1917 à Yvonne Bergeot. Ils auront deux enfants. En janvier 1919, il entre à la Compagnie du Paris-Orléans, dont il ne tarde pas à être renvoyé en raison de ses activités politiques. Il est en effet un actif militant communiste : secrétaire de la section de Joué-les-Tours (1922) et membre de la commission exécutive de la fédération d’Indre-et-Loire. Il fait aussi acte de candidature lors des élections : aux législatives de 1924 sur la liste du Bloc ouvrier et paysan et aux cantonales de 1925 dans le canton de Tours-Nord. Le mois de juin 1925 coïncide avec sa première arrestation pour ses prises de position contre la guerre du Rif. Sa situation personnelle devient rapidement précaire, puisqu’il est renvoyé de plusieurs entreprises et refusé par d’autres. Esprit indépendant et déterminé, Marcel Quinton s’oppose, sur des questions de temps de travail, au maire communiste de Saint-Pierre-des-Corps qui l’avait recruté comme cantonnier. Renvoyé puis réintégré avec l’appui du parti, il est cependant exclu de celui-ci en avril 1934 pour « usurpation de fonctions » : il s’est fait passer pour un gendarme afin de dénoncer une affaire de corruption mettant en cause un élu municipal de Tours, militant socialiste. Par la suite, Quinton collabore au Réveil, journal socialiste. Il est finalement réintégré au chemin de fer en 1932, comme mécanicien au dépôt de Limoges. Mais la signature du pacte germano-soviétique et l’interdiction des organisations communistes qui en découle entraîne son licenciement le 1er novembre 1940, « pour menées antinationales », indique la SNCF, précisant qu’il est « surveillé de très près par la police ». Il continue son activité pour le parti en rejoignant le Front national et en distribuant tracts et journaux clandestins. Il est ensuite versé dans un groupe FTP, avec lequel il procède à des sabotages ferroviaires. Marcel Quinton est arrêté par la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] à Limoges, sans doute chez lui, rue Aristide-Briand, le 1er mars 1943. Placé en détention de sécurité, il est transféré à Compiègne-Royallieu. Il est déporté le 21 mai 1944 au camp de concentration de Neuengamme (mat. 31872) puis affecté au Kommando de Fallersleben-Laagberg, au nord-est de Brunswick. En février 1945, il est envoyé dans celui de Wöbbelin, au nord de Ludwigslust. Il y survit jusqu’aux évacuations d’avril 1945, pour être finalement libéré le 2 mai. Mais, très affaibli, il s’éteint à l’hôpital de Schwerin le 25 mai 1945 avant d’avoir pu être rapatrié.

Le titre de Déporté résistant lui a été attribué le 1er février 1956. La SNCF rappelle la mémoire de Marcel Quinton, mécanicien de route, au monument aux morts du dépôt de Limoges et en gare de Limoges-Bénédictins.

Stéphane Robine, Hervé Barthélémy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 121/4 ; 118 LM 108/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 528670 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation ; Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.