À l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes, la SNCF, mécène de la Mission Libération, rend hommage à celles qui ont marqué à la fois l’histoire du rail et celle de la Résistance. Retour sur l’histoire de femmes cheminotes qui se sont engagées et ont joué un rôle-clé dans ce combat : Suzanne Bureau, Geneviève Aubertin et Suzanne Lamy, Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler.
Suzanne Bureau (4 février 1905 – 25 avril 1985)
Suzanne Perrio est née le 4 février 1905 à Mainvilliers en Eure-et-Loir. Fille d’un ouvrier agricole et d’une garde-barrière originaires de Guingamp, elle est embauchée comme employée de maison dans la famille d’un officier en 1920. Elle suit la famille pour qui elle travaille en Allemagne lors de l’occupation de la Ruhr où elle s’initie aux dynamiques de la lutte sociale.
Elle épouse James Bureau en 1925 – cantonnier au Réseau de l’État, aux Batignolles, syndiqué à la CGTU et membre du Parti communiste – dont elle a fait la connaissance après son retour d’Allemagne. Un fils naît de cette union. Elle obtient l’attribution d’un passage à niveau à Longueville-sur-Scie, près de Dieppe (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1928, l’année où naît son deuxième fils.
Parallèlement à son activité de déléguée des gardes-barrières du Réseau de l’État, Suzanne Bureau adhère au Parti communiste en 1932 et milite activement auprès des cheminots de la Voie et des ouvriers des communes de Saulnières, puis d’Aulnay, sur la ligne Dreux-Chartres où la famille est mutée.
À partir de 1936-1937, quand la famille est installée à Vernouillet, Suzanne Bureau vient en aide aux réfugiés espagnols dans le cadre du « Comité des femmes contre la guerre et le fascisme ». Elle s’engage dès l’automne 1940 dans la propagande clandestine. Le 22 avril 1942, elle échappe aux policiers français qui viennent de l’arrêter et entre dans la clandestinité sous le commandement de Maria Rabaté. Elle accomplit diverses missions, notamment dans la Somme, avant de rejoindre les Francs-Tireurs et Partisans en 1943. Sous le pseudonyme d’Aline, elle assure la liaison entre le Comité national militaire et le Comité interrégional de Bretagne des FTPF, transportant armes et propagande d’avril 1943 à septembre 1944, ce qui lui vaudra le grade de sous-lieutenant des FFI.
Élue maire de Vernouillet en 1945 sur une liste socialiste-communiste, elle renonce à son mandat deux ans plus tard et se consacre alors au syndicalisme, devenant la première femme élue au conseil national de la Fédération CGT des cheminots et déléguée auprès du directeur général de la SNCF. Mutée à Saint-Germain-en-Laye, elle termine sa carrière en 1960 comme garde-barrière. Retirée à Bailleau-l’Évêque (Eure-et-Loir), elle est honorée en 1987 par la commune de Vernouillet, qui donne son nom à une rue à l’emplacement de son ancien passage à niveau.
Source : dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (« Maitron »)
https://maitron.fr/spip.php?article1660
Geneviève Aubertin (3 janvier 1921 – 22 août 1944) et Suzanne Lamy (19 octobre 1918 – 22 août 1944)
Née en 1921 à Rambucourt, Geneviève Aubertin est issue d’une famille de cheminots. Sa mère gère la gare d’Aprey-Flagey (Haute-Marne), tandis que son père est chef de canton au service de la Voie. En 1939, elle a 18 ans et travaille elle aussi pour la Société générale des chemins de fer économiques (SE) sur le réseau de la Meuse comme chef de halte. En 1943, elle est recrutée par la SNCF comme auxiliaire de bureau à la gare de Paris-La Villette et s’installe chez son oncle à Vaires. Après un arrêt maladie, elle ne reprend pas son poste. Sa famille affirme qu’elle a rejoint alors les FFI de Haute-Marne pour devenir agent de liaison du maquis d’Auberive.
Née en 1918 à Leuglay, Suzanne Bret est pendant l’Occupation chef de station à la gare de Vivey-Chalmessin (Haute-Marne), sur une ligne de la SNCF exploitée par la Société générale des chemins de fer économiques. Épouse du lieutenant FFI Lucien Lamy, responsable du maquis de Vivey, elle s’engage elle-même dans la Résistance en tant qu’agent de liaison du maquis d’Auberive.
Le 22 août 1944, lors d’une mission, elles sont arrêtées par des soldats allemands au carrefour Guidon-de-Vivey. Emmenées à la chapelle Saint-Rémy, elles sont torturées et exécutées. Leurs corps mutilés sont découverts deux jours plus tard.
Geneviève Aubertin est reconnue « Mort pour la France », décorée de la Croix de guerre et du titre d’Internée résistante. Son nom figure à Chalindrey, Flagey, Rambucourt et à la SNCF dans la crypte du souvenir de la gare de Paris-Est. Il est accompagné de celui de Suzanne Lamy sur plusieurs monuments commémoratifs à Auberive.
Retrouvez ces biographies dues à Hervé Barthélémy et Véronique Desormeaux dans l’ouvrage Les Cheminots victimes de la répression, 1939-1945. Livre-mémorial, Paris, SNCF/Rails et histoire/ Perrin, 2017.
Suzanne Lamy © Rail et mémoire
Suzanne Leclézio (13 septembre 1898 – 1er mai 1987) et Yvonne Ziegler (1er juin 1902 – 16 janvier 1988)
Née à Saint-Pierre sur l’Île Maurice le 13 septembre 1898, Suzanne Leclézio arrive en France métropolitaine à l’âge de 24 ans. Elle est diplômée d’une école d’infirmière avec une mention puériculture à l’âge de 33 ans. Assistante sociale au Centre d’hygiène sociale du 22, rue Marcadet, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, propriété de la Compagnie du chemin de fer du Nord, Suzanne Leclézio partage la vie de Yvonne Ziegler, artiste reconnue dans les années 1930. Celle-ci, née en 1902 à Garches, est une artiste-peintre connaît le succès dans les années 1930. Elle fonde sa propre académie à Paris et expose à la galerie Bernheim-Jeune.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes deux rejoignent le réseau de résistance Cohors-Asturie, fondé par le BCRA (Bureau central de renseignements et d’action de la France libre à Londres), sous les pseudonymes de Georgette (Suzanne) et Véronique (Yvonne) Elles portent le grade de sous-lieutenant.
En 1942, elles s’engagent pour secourir des familles juives, en utilisant le Centre d’hygiène sociale de la rue Marcadet. C’est aussi depuis ce centre qu’elles viennent en aide aux victimes du bombardement du 21 avril 1944 dans le nord de Paris.
Arrêtées en 1944 et torturées par la Gestapo, elles sont déportées à Ravensbrück dans le même wagon du « convoi des 57000 » parti de la gare de Pantin le 15 août 1944 et transférées successivement dans plusieurs kommandos sans jamais se séparer. Elles parviennent à s’évader ensemble lors des marches de la mort et sont libérées par l’Armée rouge.
De retour le 25 mai 1945, Suzanne reprend la direction du centre de santé de la rue Marcadet jusqu’à sa retraite avec Yvonne au Mesnil-sur-Blangy. Suzanne meurt à Blangy-le-Château le 1er mai 1987, à 89 ans, et Yvonne s’éteint en 1988 à Lisieux à 86 ans. Elles ont reçu le titre de déportées résistante et ont été décorées pour leur rôle éminent dans la Résistance.
En 2020, la Ville de Paris appose une plaque en leur mémoire au centre social qui lui a été transféré en 1984.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Suzanne_Lecl%C3%A9zio
À travers leur histoire, c’est l’engagement de toutes les femmes cheminotes que nous célébrons aujourd’hui. Hier résistantes, aujourd’hui conductrices, aiguilleuses, techniciennes, dirigeantes… Chaque jour, leur engagement contribue à faire avancer notre société.
Aujourd’hui et toute l’année la SNCF poursuit sa mobilisation en faveur de l’égalité professionnelle et de la mixité. Avec SNCF Mixité nous mettons en œuvre de nombreuses actions pour favoriser l’égalité des parcours de carrière et lutter contre toutes formes de sexisme.
À toutes ces femmes, merci !
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Mission Libération dont la SNCF est un mécène propose un colloque intitulé « Les femmes et la libération en France : Métropole et empire (1944-1946) » les 20,21 et 22 mars au Palais du Luxembourg et aux Lilas, commune où se trouvait le fort de Romainville, lieu de détention des femmes avant leur déportation.
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