Né le 23 avril 1891 à Petit-Auverné (Loire-Inférieure)
Mort en déportation le 8 août 1942 à Auschwitz (Pologne).
François (Marie) Juvin est le fils de François Juvin et de Philomene Maillard, son épouse. Le 5 septembre 1919, il est embauché comme cantonnier à la Compagnie du Paris-Orléans. Il adhère très tôt à la section nantaise du parti communiste et, dès 1921, au comité syndicaliste révolutionnaire. Il est candidat communiste aux élections municipales de mai 1925 sur la liste Bloc ouvrier et paysan, trésorier de L’Étoile prolétarienne en 1930. En octobre 1934, il est candidat communiste au conseil d’arrondissement dans le 2e canton de Nantes. Lors des élections cantonales d’octobre 1937, le parti communiste le présente comme candidat au conseil général dans la circonscription de Nozay. À partir de 1931 et jusqu’à son arrestation, François Juvin est domicilié avec son épouse Marguerite Nicolas au Val-d’Or, commune d’Orvault, limitrophe de Nantes. À la suite d’une blessure, il devient garde-barrière.
Il est arrêté le 23 juin 1941 lors de l’Aktion Theodorich lancée par la Sipo-SD (Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst), police de sûreté et service de sûreté] le jour du déclenchement de l’opération Barbarossa, qui conduit à l’arrestation de près de 1 300 militants et sympathisants communistes. Il figure en quinzième place sur une liste établie par la police allemande de 30 Funktionäre, cadres ou permanents du PCF clandestin.
Le 12 juillet, il est transféré au camp de Compiègne. Entre fin avril et fin juin 1942, il est choisi avec plus d’un millier d’otages communistes ou désignés comme tels et une cinquantaine d’otages considérés comme juifs pour être déporté « vers l’Est » en représailles des actions armées de la résistance communiste. Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Le 8 juillet 1942, François Juvin est enregistré au camp d’Auschwitz-I sous le n° 45700.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont dirigés à pied au camp annexe de Birkenau, où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, à la suite de l’appel général et d’un bref interrogatoire – au cours duquel François Juvin se déclare comme cheminot (Eisenbahner) –, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des « 45 000 » à Birkenau –, François Juvin est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal d’Auschwitz-I (Infirmerie). Là, il est assigné au Block 23 A. Le 21 juillet, il est admis au Revier d’Auschwitz [infirmerie], dans le Block 20, celui des maladies contagieuses. François Juvin meurt à Auschwitz le 8 août 1942, d’après les registres du camp ; un mois – jour pour jour – après l’arrivée de son convoi. L’acte de décès du camp indique pour cause – très probablement mensongère – de sa mort « entérite stomacale aiguë ».
La mention « Mort pour la France » est apposée sur son acte de décès et le titre de Déporté politique lui est attribué en 1954. Le nom de François Juvin est inscrit parmi les déportés sur la plaque « à la mémoire des agents SNCF Résistants, arrondissement de Nantes, 1939-1945 ».
Photo : François Juvin. Photographie anthropométrique. Archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne / Association Mémoire Vive.
Sources : SNCF, 118 LM 120/11 ; 118 LM 108/1 ;SNCF, MIC 1956/4082 ; SHD DAVCC, 21 P 467309 ; Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, archives du bureau d’information sur les anciens prisonniers ; RM ; CGC ; Fondation pour la mémoire de la Déportation ; Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, 2005 ; DBMOF ; Death Books from Auschwitz, t. II, 1995.
Extrait de l’ouvrage Les Cheminots victimes de la répression, 1940-1945. Livre mémorial (Paris, Perrin/Rails et histoire/SNCF, 2017).