Né le 24 novembre 1893 à Conquereuil (Loire-Inférieure)
Mort en déportation le 23 février 1944 à Dora (Allemagne).
Victor (Jean, Marie) Perrigot est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, mobilisé le 20 novembre 1913. Libéré de ses obligations militaires le 23 février 1919 après avoir été trépané, il est décoré de la Médaille militaire avec une citation pour avoir été blessé à quatre reprises. Dès son retour à Nantes (Loire-Inférieure), il entre aux Chemins de fer de l’État le 25 février 1919. Le 20 septembre 1920, il épouse à Saint-Patrice Jeanne Lepage, avec laquelle il aura une fille, Marie-Jeanne, née le 9 mars 1922. Le couple s’installe à Nantes, 9 avenue de la Béraudière.
En 1943, il est garde SNCF au passage à niveau de la gare de la Bourse à Nantes. Membre actif du parti communiste, responsable de la cellule des cheminots, il est arrêté le 28 juillet à son domicile par la police française, les renseignements généraux d’Angers. Au cours de son interrogatoire, il reconnaît avoir organisé des collectes pour venir en aide aux familles des fusillés et des internés. Affilié au Front national (organisation communiste) depuis février 1942, il s’occupe aussi de la propagande et de la distribution des tracts et journaux clandestins.Dans la même affaire est également arrêté le cheminot Pierre Launay, mais celui-ci réussira à s’évader en sautant du train dirigé vers les camps.
Le 3 août, à son arrivée à la prison Lafayette de Nantes, Victor Perrigot est pris en charge par les Allemands. Le 13 septembre, il est envoyé au camp de Compiègne, où il est enregistré sous le n° 18627. Les interventions de la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer où du préfet de la Loire-Inférieure auprès des autorités allemandes arguant de son état de santé ne changeront rien à son destin.
Victor Perrigot est déporté le 28 octobre 1943 vers Buchenwald, où il arrive deux jours plus tard avec près d’un millier d’hommes. Il se déclare cheminot et devient le matricule 30501. Au terme de la période de quarantaine passée au « petit camp », il est désigné pour le terrible Kommando de Dora. Dès le 20 novembre 1943, il entre dans le tunnel où doit être montée l’usine d’assemblage des futures fusées A4-V2. Sa santé ne résiste pas aux conditions de détention et au travail forcé dans les tunnels de la Mittelwerk. Atteint de dysenterie et d’un œdème, Victor Perrigot est envoyé au Revier de Dora [infirmerie] le 12 février 1944. Il y meurt le 23 février vers 4 h 15.
Photo : Victor Perrigot. Service historique de la Défense, division des Archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC).
Sources : SNCF, 118 LM 120/11 ; SNCF, 118 LM 108/1 ; SNCF, 025 LM 259/1 ; SHD DAVCC, 21 P 524531, BU 7/2, 9/7, 32/6 ; La Coupole ; RM (informations de Carlos Fernandez) ; CGC ; FMD.
Extrait de l’ouvrage Les Cheminots victimes de la répression, 1940-1945. Livre mémorial (Paris, Perrin/Rails et histoire/SNCF, 2017).