Né le 22 janvier 1899 à Pierre-Buffière (Haute-Vienne) – Disparu en déportation en 1945 à Buchenwald (Allemagne).
Ancien combattant volontaire lors de la Première Guerre mondiale, du 29 septembre 1916 au 29 septembre 1919, successivement au 1er zouaves et au 3e génie, Jean-Paul Sarre est auxiliaire à la Compagnie du Paris-Orléans à Limoges à partir du 1er mars 1920, avant d’entrer véritablement dans la compagnie le 8 mai suivant comme homme d’équipe à l’essai en gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne). Le 2 août 1922, il est muté à Puy-Imbert (Haute-Vienne) et il ne revient à la gare de Limoges-Bénédictins que le 20 décembre 1934 comme facteur mixte [employé commercial], avant de passer facteur le 21 mars 1940. Secrétaire au bureau des sous-chefs de la gare de Limoges-Bénédictins, il est bien noté par ses chefs. Jean-Paul Sarre et sa femme Mathilde (née Chassaing), qu’il a épousée le 31 décembre 1921, ont trois enfants : Maurice (né le 22 septembre 1922), Simone (31 janvier 1925) et Jeanne (30 avril 1926). Avant guerre, il avait été secrétaire de la Ligue internationale des combattants de la paix pour la section de Limoges, mais il ne semblait plus avoir d’activité politique depuis le début des hostilités.
Depuis la fin de l’année 1942, Jean-Paul Sarre résiste dans l’un des groupes Fer de Paul Vives‑Caillat (responsable régional), distribuant du matériel et fournissant des renseignements sur les mouvements de l’ennemi. Le 7 mars 1943, vers 8 h 30, il est arrêté à son domicile de la rue Molière à Limoges par un civil et un militaire allemands qui auraient prétexté le besoin de le confronter avec un homme arrêté dans la nuit. Ce même jour, plusieurs autres habitants de la commune sont interpellés, dont le cheminot Jean Langlade. Après avoir été interné à la caserne du 6e cuirassiers, place Marceau à Limoges, il est transféré en train à Compiègne-Royallieu dans la nuit du 15 au 16 mars 1943, avec les personnes arrêtées le même jour que lui. Jean-Paul Sarre porte le no 12794. Le 26 mars, il est autorisé à écrire une carte à sa femme. Le 20 avril 1943, il est déporté à Mauthausen, dans un convoi de près de 1 000 hommes, dans le cadre de l’Aktion Meerschaum (écume de mer), qui a pour objectif la déportation de 35 000 hommes aptes au travail forcé. Il y est enregistré sous le matricule 28521. Le 15 juillet suivant, il est transféré au camp du Loibl Pass, où un premier groupe essentiellement composé de Français avait déjà été transféré le 2 juin lors de l’ouverture du camp. Répartis en deux camps implantés de part et d’autre du massif des Karawanken, les détenus travaillent au percement d’un tunnel routier pour le compte de la société Universale Hoch-und Tiefbau AG. Il y est autorisé à écrire une courte carte à son épouse. Après un an et demi passé au Loibl Pass, il est ramené au camp central le 17 novembre 1944, avant d’embarquer le 2 décembre 1944 dans un train conduisant 1 112 détenus à Auschwitz. En janvier 1945, alors que les troupes russes s’en approchent, Jean-Paul Sarre est transféré à Buchenwald, où il serait arrivé le 22 janvier 1945. Il aurait été admis au Block 51 puis au Block 28, et s’y serait encore trouvé le 7 avril 1945 d’après un relevé des fichiers du camp. Jean-Paul Sarre est ensuite porté disparu. « Mort pour la France », il a obtenu le titre de Déporté résistant le 11 février 1963. Il est titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre. Son nom est inscrit sur la plaque commémorative qui réunit les noms des agents de la SNCF des gares de Limoges, en gare de Limoges-Bénédictins.
Adeline Lee
Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; D00172659, B00013163 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 535885, 21 P 472525 (dossier de Jean Langlade), MA 7/11, 17/1 ; Archives privées P. S. Choumoff ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.