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La gare de Paris Saint-Lazare : entre histoire, art et modernité

Symbole du Paris moderne et point de convergence de l’histoire, de l’art et du mouvement, la gare Saint-Lazare est bien plus qu’un nœud ferroviaire. Implantée au cœur du quartier du même nom, dont elle hérite le nom et la mémoire, elle incarne l’élan du XIXe siècle vers le progrès urbain et industriel. Véritable théâtre du […]

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Symbole du Paris moderne et point de convergence de l’histoire, de l’art et du mouvement, la gare Saint-Lazare est bien plus qu’un nœud ferroviaire. Implantée au cœur du quartier du même nom, dont elle hérite le nom et la mémoire, elle incarne l’élan du XIXe siècle vers le progrès urbain et industriel. Véritable théâtre du quotidien parisien en constante métamorphose, la gare raconte l’évolution de la capitale et, plus largement, de la société, des premiers convois de 1837 aux flux de ses 450 000 voyageurs quotidiens

La gare Saint-Lazare tire son nom du Clos Saint-Lazare, un vaste domaine appartenant autrefois aux lazaristes, une congrégation religieuse fondée par saint Vincent de Paul au XVIIe siècle, dont elle occupe le terrain. La propriété comprenait un couvent, une ferme et un hôpital accueillant les pauvres et les lépreux. À la Révolution française, les biens ecclésiastiques sont confisqués et les terrains du Clos Saint-Lazare sont peu à peu construits.  

D’abord nommée l’« Embarcadère de l’Ouest », la gare était en 1837 une structure provisoire en bois qui se trouvait au niveau de la place de l’Europe, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Inaugurée sous le règne de Louis-Philippe, elle était prévue pour accueillir les voyageurs de la première ligne de chemin de fer entièrement dédiée au transport de voyageurs reliant Paris au Pecq puis à Saint-Germain-en-Laye 

Entre 1841 et 1853, la gare actuelle est construite à l’angle de la rue d’Amsterdam et de la rue Saint-Lazare, sous la direction de l’architecte Alfred Armand (1805-1888) et de l’ingénieur Eugène Flachat (1802-1873). La grande halle donnant vers la rue de Rome et la charpente de 40 mètres de long sans point d’appui sont conçues par Flachat en 1852. 

En 1867, sous Napoléon III, la gare est agrandie pour la première fois lors de l’Exposition universelle. En 1889, une nouvelle rénovation menée par l’architecte Juste Lisch (1828-1910) lui donne son aspect actuel, marqué par une façade classique en symétrie, donnant sur deux cours consacrées à l’époque au voitures – la cour du Havre et la cour de Rome -, la prolongation de ses halles métalliques, l’agrandissement de la salle des pas perdus et la construction de l’hôtel Terminus, aujourd’hui connu sous le nom de Hilton Paris Opéra. 

 

« Gare Saint-Lazare, Cour de Rome – Escalier en bois, 2 mars 1885 », Album Chemins de fer de l’Ouest. Gare Saint-Lazare (ancienne gare 1885-1887), photographies de Louis-Emile Durandelle, SNCF, SARDO, Centre national des Archives historiques

 

« Gare Saint-Lazare, Salle des bagages – Escalier des salles d’attente, Juillet 1887 », Album Chemins de fer de l’Ouest. Gare Saint-Lazare (ancienne gare 1885-1887), photographies de Louis-Emile Durandelle, SNCF, SARDO, Centre national des Archives historiques

Sur les pas des impressionnistes 

Inscrite au titre des monuments historiques dès 1979, la gare Saint-Lazare a été une source d’inspiration pour de nombreux artistes, en particulier les peintres impressionnistes. Les vapeurs des locomotives et le métal se prêtent à la rêverie des paysages industriels et font découvrir une perception nouvelle du beau qui nous entoure. Ainsi Emile Zola (1840-1902) écrit à propos des peintres de son époque : “Nos artistes doivent trouver la poésie des gares, comme leurs pères ont trouvé celle des forêts et des fleuves” 

Le premier à s’y être intéressé est Edouard Manet (1832-1883) dont le tableau Le chemin de fer, peint entre 1872 et 1873, a guidé les pas de Gustave Caillebotte (1848-1894) et Claude Monet (1840-1926). 

Fasciné par l’ambiance industrielle de la Gare Saint-Lazare et les jeux de lumière sous la verrière, Claude Monet réalise douze toiles la représentant en 1877. 

 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Claude_Monet,_The_Gare_St-Lazare,_1877.jpg
Claude Monet, La gare Saint-Lazare : la ligne de Normandie, 1877, Londres, National Gallery, Public domain, via Wikimedia Commons

 

Claude Monet, Arrivée du train de Normandie, Gare Saint-Lazare, 1877, Chicago The Art Institute of Chicago, Public domain, via Wikimedia Commons

 

Édouard Manet, Gustave Caillebotte et Norbert Goeneutte (1854-1894) ont eux aussi immortalisé la gare et ses environs dans leurs œuvres, en capturant la vie trépidante de ce carrefour ferroviaire. 

 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:%27On_the_Pont_de_l%E2%80%99Europe%27,_oil_on_canvas_painting_by_Gustave_Caillebotte,_1876-77,_Kimbell_Art_Museum.jpg
Gustave Caillebotte, Sur le pont de l’Europe, 1876-1880, Fort Worth, Texas, Kimbell, Art Museum , Public domain, via Wikimedia Commons

 

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Norbert_G%C5%93neutte_-The_Pont_de_l%27Europe_and_Gare_Saint-Lazare.jpg
Norbert Goeneutte, Le Pont de l’Europe et la Gare Saint-Lazare, 1888, Baltimore, The Baltimore Museum of Art, Public domain, via Wikimedia Commons

 

La nouvelle gare Saint-Lazare 

Face à l’augmentation du trafic ferroviaire qui quadruple dès la fin du XIXe siècle, la gare Saint-Lazare a dû s’adapter. Elle reste longtemps la principale gare de banlieue et la première en nombre de voyageurs.  

Après quinze ans de travaux, la nouvelle Gare Saint-Lazare est rénovée afin de moderniser ses infrastructures et d’améliorer la circulation des voyageurs sur plusieurs niveaux. Inaugurée en 2012, elle est devenue une gare ouverte sur la ville et adaptée à la croissance des flux de voyageurs avec sa galerie marchande et ses infrastructures dédiés aux bus et aux métros.  

Aujourd’hui, elle est la deuxième gare d’Europe en termes de fréquentation, avec environ 450 000 voyageurs par jour et plus de 1 700 trains quotidiens 

 

SNCF, Journées Européennes du Patrimoine 2021 ©C. Bézat

 

SNCF, Journées Européennes du Patrimoine 2021, ©C. Bézat

 

SNCF, Journées Européennes du Patrimoine 2021, ©C. Bézat

 

Les verres peints de 1930 

Lors de la rénovation de la gare en 2011, 114 verres peints ont été redécouverts. Ils ont été réalisés lors des aménagements entrepris dans la gare en 1927, puis nettoyés de l’humidité et de la rouille et restaurés – un travail qui a duré six ans. Aujourd’hui situées en hauteur de la salle des pas perdus, elles sont une invitation au voyage… mais aussi au voyage dans le temps ! Tous représentent une destination desservie par Saint-Lazare en 1930, l’année où ont été posées les verrières. On s’étonne de retrouver Perros-Guirec, Saint-Thégonnec ou Brest pour la Bretagne, mais aussi Bordeaux, La Rochelle, Saintes ou Thouars. Plus étonnant encore : Londres et New York reliées par les ports de Dieppe et Cherbourg au départ de Saint-Lazare.  

Ces peintures sur verre sont l’œuvre de Charles Sarteur, né à Domfront en 1874. Fils de cheminot, lui-même ingénieur aux chemins de fer, il est affecté à la direction des travaux et participe directement à la restauration de Saint-Lazare en 1927-1928. Peintre, aquarelliste et sculpteur amateur de talent, admirateur de Van Gogh, Sarteur mêle son savoir-faire technique à une sensibilité artistique marquée par l’Art nouveau. Il en reprend les lignes pures et l’élégance dépouillée, privilégiant des teintes brunes et ocres. Comme les fresques de la gare de Lyon, ces verrières témoignent d’une époque où la culture ferroviaire nourrissait aussi l’imaginaire visuel des voyageurs. 

 


SNCF, Journées Européennes du Patrimoine 2021, ©C. Bézat

 

Comme chaque année, vous pourrez visiter la Gare Saint-Lazare à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine qui auront lieu les 19,20 et 21 septembre 2025. Ne manquez pas cette occasion rare de plonger dans l’histoire de la gare et de découvrir ses coulisses !

 

SNCF, Journées Européennes du Patrimoine 2021, ©C. Bezat

 

Retrouvez aussi les histoires fascinantes des gares SNCF sur notre site :  

 

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