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Gares et réseau ferré

Du viaduc de Garabit à la Tour Eiffel, un documentaire

Un documentaire sur Gustave Eiffel, soutenu par le groupe SNCF et SNCF Réseau, rend hommage à l’ingénieur et à ses créations, dont les viaducs ferroviaires.

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À l’occasion du centenaire de la mort de Gustave Eiffel, un documentaire-événement rend hommage au génie de l’ingénieur et à ses créations pionnières. Avec des images spectaculaires, il met en lumière la filiation de la célèbre Tour avec les viaducs ferroviaires.

« L’épopée d’un génie : Tour Eiffel, le rêve d’un visionnaire » est à découvrir ce jeudi 14 décembre 2023 à 21h05 sur France 5 puis en replay. Le groupe SNCF et SNCF Réseau ont soutenu la production de ce documentaire inédit réalisé par par Pascal Cuissot.

Affiche du documentaire Tour eiffel : le rêve d'un visionnaire

Les viaducs ferroviaires, terrains d’expérimentation

Dès le début de sa carrière d’ingénieur Eiffel fait ses armes dans le chemin de fer. Ses premières réalisations sont pour la Compagnie du Midi, comme la passerelle Saint-Jean à Bordeaux (1865), plus long pont métallique jamais construit en France. Il œuvre ensuite pour la compagnie du Paris-Orléans, avec les viaducs à poutre en treillis de Rouzat et de Neuvial (ligne Commentry – Gannat, 1869) ou encore le viaduc de Chinon (1874). Il construit également plusieurs ponts sur la ligne des Sables d’Olonne de la compagnie de Vendée.

Avec le plan Freycinet (loi de 1879), la République investit le chemin de fer d’un rôle stratégique pour désenclaver les territoires. L’objectif est de créer un réseau ferré au maillage dense. Pour que le train franchisse massifs et cours d’eau, l’Etat commandite de nombreux ouvrages d’art.

L’entreprise Eiffel ne remporte pas tous les marchés mais, de ponts en viaducs, elle perfectionne son savoir-faire. Celui-ci s’illustre particulièrement dans les lignes de montagne. On peut citer le viaduc sur la Tardes dans l’Allier (1885) et surtout avec le viaduc de Garabit (1885) sur la ligne de Béziers à Neussargues, permettant le franchissement des gorges de la Truyère.

Le « plus haut viaduc du monde » est d’une longueur de 565 mètres et culmine à 122 mètres au-dessus de la rivière. Eiffel peaufine l’innovation du grand arc métallique central, déjà mis en œuvre à plus petite échelle au Portugal. Il exploite la technique du rivetage à chaud, que l’on associe encore aujourd’hui au nom de l’ingénieur. En quelques mots, le rivet, petit objet à la tête bombée et à la queue cylindrique que l’on insère à chaud entre deux plaques métalliques pour les maintenir ensemble. Les ouvrages gagnent ainsi en légèreté, loin des lourds ouvrages de maçonnerie.

La Tour Eiffel, fille du chemin de fer

Arcs métalliques et rivets sont les deux ingrédients essentiels que l’on retrouve dans la Tour, construite pour l’Exposition Universelle de 1889 de Paris.

Eiffel lui-même établit la filiation de la Tour avec ses ouvrages d’art ferroviaires : ≪ Au bout du compte, ma tour n’est qu’une ‟pile” comme les autres. Avec une seconde de l’autre côté de la Seine, on construirait un joli pont. ≫ (Figaro Exposition, 15 avril 1889). En effet, la Tour Eiffel peut se voir comme une gigantesque pile de pont sur laquelle sont posés les deux derniers étages de l’édifice.

Son expérience récente sur le viaduc de Garabit, tout juste achevé quand démarre le chantier de la Tour, lui est précieuse. Ses travaux pour ce pont majestueux sont d’ailleurs exposés lors de la même Exposition Universelle. C’est en référence à la couleur originelle de la Tour que le viaduc est repeint en rouge lors de sa restauration dans les années 1990.

Enfin, Eiffel n’aurait pu relever le défi de la vitesse de la construction de la Tour en à peine 2 ans, sans la livraison en train du fer venant de Lorraine. Les matériaux arrivaient au pied de la Tour à la gare du Champs-de-Mars construite pour la précédente Exposition Universelle de 1878. Le documentaire en montre quelques images d’archives.

Un patrimoine célébré à protéger pour les générations à venir

Cette fin d’année 2023 est l’occasion de célébrer le centenaire du décès de Gustave Eiffel et des 130 ans de la Tour. Le documentaire de Pascal Cuissot y réussit en beauté et en détails dans l’émission « Science grand format ».

Dans ce film, le patrimoine ferroviaire est joliment mis à l’honneur. Le Viaduc de Garabit était déjà très présent dans nos imaginaires. Diffusé par les cartes postales à sa naissance puis valorisé par la photographie, il est devenu Land Art grâce aux vues aériennes. Il s’invite ici avec d’admirables images par drone et des reconstitutions 3D, permettant de le découvrir dans ses moindres détails.

Les ouvrages d’Eiffel pour le chemin de fer sont depuis longtemps protégés au titre des monuments historiques en France. Les hommes et les femmes de SNCF Réseau les préservent, en perpétuant les savoir-faire de l’époque en innovant pour les faire évoluer. La protection du viaduc de Garabit pourrait franchir une nouvelle étape. Une candidature internationale d’inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO réunit quatre pays et six viaducs ferroviaires métalliques à grande arche. De quoi accroître la renommée de ces ouvrages et assurer leur préservation pour les générations à venir.

Viaduc de Garabit franchissant les gorges de la Truyère
Viaduc de Garabit – Crédit : © Jean-Michel Gueugnot / RFF / Capa Pictures