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Gares et réseau ferré

Inauguration de la boiserie Art déco de 1929 restaurée en gare de Limoges Bénédictins

La restauration de la magnifique boiserie Art déco de la gare de Limoges Bénédictins, datant de 1929, s’est achevée le 19 juin 2024 et vient augmenter la richesse artistique de la Plus Belle Gare de France 2023. Protégée au titre des Monuments Historiques avec l’ensemble de la gare, elle est un témoignage unique de l’aménagement […]

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La restauration de la magnifique boiserie Art déco de la gare de Limoges Bénédictins, datant de 1929, s’est achevée le 19 juin 2024 et vient augmenter la richesse artistique de la Plus Belle Gare de France 2023. Protégée au titre des Monuments Historiques avec l’ensemble de la gare, elle est un témoignage unique de l’aménagement et du mobilier originels. Lors de l’inauguration de la gare ce mobilier taillé dans un lourd bois exotique divisait le hall en deux et réunissait les services offerts aux voyageurs : billets, boutique et comptoirs d’enregistrement des bagages, salles d’attente des trois classes de l’époque, librairie, télégraphe, bureaux. Ce « grand meuble » constituait la « gare intérieure » sous le dôme du bâtiment dessiné par Roger Gonthier. L’élément préservé, aujourd’hui de nouveau présent en gare, est un très haut panneau de plus de six mètres en forme de portique portant une carte, peinte à l’huile sur toile par l’atelier de Francis Chigot, maître-verrier limougeaud. Elle apporte aux voyageurs des renseignements pratiques sur les atouts touristiques du Limousin-Marche-Périgord-Quercy. La carte est surmontée d’une frise en émaux de porcelaine de Limoges, dont le procédé et le dessin sont l’œuvre Camille Tharaud, limougeaud lui aussi. Les boiseries en bois d’iroko ont été dessinées par l’architecte du Paris-Orléans Louis Brachet.

Détail de la carte

En 1979, lorsque l’ensemble mobilier est démantelé pour faire place à nos nouvelles façons de voyager qui impliquent la circulation fluide du public dans l’espace des gares, des cheminots décident de sauvegarder cette boiserie destinée à la destruction : elle est restée cachée pendant plus de quarante ans, sous la garde du musée HistoRail®.  En 2019, HistoRail® la sort de sa cachette. La DRAC Nouvelle-Aquitaine décide alors de soutenir sa restauration et sa réinstallation dans sa gare d’origine. La Maîtrise d’Ouvrage du projet est déléguée par convention par SNCF Gares & Connexions à l’association HistoRail® qui a assuré la pérennité de l’œuvre durant plusieurs décennies. Le projet de restauration est lancé en partenariat avec le Groupe SNCF et SNCF Gares & Connexions. HistoRail lance un appel aux dons qui a été entendu par des centaines de personnes, des associations, des entreprises. C’est ce grand mouvement de sympathie autant que le travail des restaurateurs des trois éléments – boiserie, toile peinte, porcelaine – qui sera célébré le vendredi 20 septembre 2024, veille des Journées du patrimoine,

©HistoRail – La boiserie restaurée

Ce jour-là, l’inauguration – réservée aux financeurs et donateurs – se fera dans la hall « des pas perdus » devant la boiserie. Cependant tous les visiteurs et voyageurs présents pourront profiter d’un groupe de jazz réputé convié par HistoRail®, qui fera résonner de boogies-woogies endiablés le dôme de la magnifique gare de Limoges. Attention : la jauge est limitée à 300 personnes pour respecter le plan Vigipirate. Elle peut être réduite par la Préfecture en cas de renforcement des conditions de sécurité. Les donateurs et les voyageurs seront prioritaires pour accéder à la gare.

©SNCF – Gare de Limoges

Un grand concert de jazz au CCM Jean-Gagnant de Limoges est également prévu lors de cette journée festive.

Enfin, dans la salle Georges-Clancier à la Bibliothèque Francophone Multimédia se déroulera l’après-midi du ce jour inaugural, vendredi 20 de 15 h à 16 h 30, une conférence réunissant plusieurs intervenants, Monsieur Nicolas Vedelago, Conservateur régional adjoint des monuments historiques à la DRAC de Nouvelle-Aquitaine, , Madame Florence Brachet-Champsaur Directrice patrimoine et politique mémorielle SNCF, Monsieur Jacques Ragon, maître d’ouvrage délégué à la restauration et président-fondateur honoraire du musée HistoRail®.

L’histoire des gares de Limoges et particulièrement de la gare ouverte en 1929, « grands meubles » vous sera présentée par Monsieur Vedelago. Madame Brachet-Champsaur expliquera la politique patrimoniale et mémorielle de SNCF. Jacques Ragon racontera l’aventure rocambolesque de cette boiserie sauvegardée clandestinement et de sa restauration.

En bref, vendredi 20 septembre 2024 : 
  • Inauguration de 12 h à 12 h 45, Gare de Limoges-Bénédictins, 7, place Maison-Dieu, 87000 Limoges
  • Conférence de 15 h à 16 h 30, Bibliothèque francophone multimédia – Pôle Limousin et patrimoine 2, place Aimé-Césaire, 87000 Limoges
  • Concert au CCM Jean-Gagnant, 7, avenue Jean-Gagnant, 87000 Limoges, à partir de 20h30 . Tarif : 20€. Réservation sur www.historail.org
Gares et réseau ferré

La gare de Bordeaux-Saint-Jean : la gare du Midi

Au 19e siècle, la ville de Bordeaux était desservie par trois compagnies qui avaient chacune leur gare respective : celle, plus modeste, de la Compagnie d’Etat, celle du Paris-Orléans, la gare de Bordeaux-Bastide et enfin la gare de la Compagnie du Midi. Au 19e siècle, la ville de Bordeaux était desservie par trois compagnies qui avaient […]

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Au 19e siècle, la ville de Bordeaux était desservie par trois compagnies qui avaient chacune leur gare respective : celle, plus modeste, de la Compagnie d’Etat, celle du Paris-Orléans, la gare de Bordeaux-Bastide et enfin la gare de la Compagnie du Midi. Au 19e siècle, la ville de Bordeaux était desservie par trois compagnies qui avaient chacune leur gare respective : celle, plus modeste, du réseau de l’État, la gare de Bordeaux-Bastide du Paris-Orléans et enfin la gare de la Compagnie du Midi. Progressivement, la gare du Midi, de petite taille et construite provisoirement en bois, prend le dessus, notamment grâce à la construction en 1860 de la passerelle Eiffel, du nom de son maître d’œuvre, seul pont ferroviaire permettant de traverser la Garonne à Bordeaux. Devenue la principale de la ville, la gare du Midi est reconstruite de 1889 à 1898 avec le concours de Louis Choron, ingénieur des Ponts et Chaussées employé par la Compagnie et spécialiste de l’architecture métallique et de l’architecte Marius Toudoire, également auteur de la gare de Lyon à Paris et de la gare de Toulouse-Matabiau. L’immense bâtiment des voyageurs, flanqué d’un hôtel et des bureaux de la Compagnie, est parallèle à une halle métallique en arc de cercle, ouvrage de la maison Daydé et Pillé. C’est encore aujourd’hui la verrière ferroviaire métallique la plus importante d’Europe, avec ses 279,60 mètres de long, 55,89 mètres de large, 36 mètres de haut et ses deux horloges. La gare et sa halle métallique au-dessus des voies sont inscrites au titre des monuments historiques depuis 1984.

Quant à la passerelle ferroviaire Eiffel, conçue en 1858 par Stanislas de Laroche-Tolay, ingénieur des Ponts et Chaussées, avec Paul Régnauld comme ingénieur en chef de la Compagnie des chemins de fer du Midi et Gustave Eiffel comme directeur du chantier, elle a frôlé la destruction après l’arrêt de circulations des trains en 2008 et la construction d’un nouveau pont à quatre voies permettant plus de fluidité dans le trafic. En 2010 elle est classée au titre des monuments historiques – sa destruction aurait pu remettre en cause l’inscription en 2007 de Bordeaux au Patrimoine mondial de l’UNESCO – mais son devenir reste encore en cours de définition. Restaurée en 2019 par son propriétaire actuel, SNCF Réseau, elle pourrait devenir un pont réservé aux piétons et vélos, dans le cadre du projet Euratlantique.

Enfin, à l’intérieur de la gare, on trouve un point de rendez-vous traditionnel pour les Bordelais : la carte du réseau de la Compagnie du Midi, gravée dans le mur. La fresque, abîmée par le temps et par les travaux de rénovation de la gare dans les années 1980, a eu le droit à une restauration nécessaire à la préservation de l’œuvre pour ses 90 ans, en 2020.

Quels procédés ont été utilisés pour redonner sa jeunesse à cette carte ? Vous pourrez en apprendre davantage dans cette série de vidéos sur la restauration de la carte du réseau de la Compagnie des chemins de fer du Midi.

 

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Un nouveau regard sur la gare de Reims

Que vous soyez un usager régulier de la gare de Reims ou que vous veniez visiter – en train ou non – cette belle ville, ne passez pas à côté des merveilles de « La Magnifique » ! Hervé Chatriot, qui est lui-même cheminot en gare de Reims, a eu à cœur de faire découvrir […]

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Que vous soyez un usager régulier de la gare de Reims ou que vous veniez visiter – en train ou non – cette belle ville, ne passez pas à côté des merveilles de « La Magnifique » ! Hervé Chatriot, qui est lui-même cheminot en gare de Reims, a eu à cœur de faire découvrir au grand public par un ouvrage riche en archives et en images les secrets de l’épopée ferroviaire rémoise, de sa conception à ses continuelles métamorphoses. En attendant de vous plonger dans cet ouvrage passionnant, nous vous avons sélectionné sept anecdotes insolites parmi les nombreuses histoires qui entourent la gare de Reims !

 

  • La construction de la gare de Reims a donné lieu à une rivalité entre les villes d’Épernay et de Reims : c’est à laquelle capterait la première une ligne de chemin de fer pour devenir la porte ouverte vers le grand Est. C’est Épernay qui l’emporte : il faut attendre cinq ans pour que le chemin de fer arrive à Reims en mai 1854. La gare de Reims devient ensuite le centre d’une étoile ferroviaire desservant la Belgique via Charleville, qui s’étend vers Tergnier, Laon, Soissons, Châlons…

 

  • La première gare de Reims était une remise ! Au lieu de construire un “bâtiment voyageurs” provisoire et destiné à être détruit, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg, chargée de l’exploitation de la gare, choisit d’affecter à l’accueil des voyageurs une future remise à voitures de chemin de fer qui a accueilli les voyageurs de 1854 à 1860.

 

  • En 1854, les membres d’une commission municipale chargée de désigner le futur emplacement de la nouvelle gare en projet ont l’idée pour le moins originale de commander des toiles peintes en trompe l’œil représentant la future gare afin de tester, en grandeur nature, son positionnement. Cette coûteuse simulation a fait beaucoup parler d’elle, mais n’a pas été inutile, puisque le conseil municipal a ainsi pris conscience de l’inadéquation de l’emplacement pressenti qui enlaidissait un quartier dont on voulait qu’il soit une vitrine de la beauté et de la modernité de Reims. Un nouvel emplacement est décidé, ainsi qu’une refonte du quartier et notamment le percement d’une avenue. La nouvelle gare, au coût colossal, mérite son surnom de « La magnifique » : signée Félix Langlais, sa façade est longue de 105 mètres, comporte trois pavillons et un buffet. Quant aux immenses toiles la représentant, elles sont données au théâtre pour servir de décor.

  • François Ménécier, chef de la gare de Reims en pleine guerre de 1870, Paul Raulin pendant la Première Guerre mondiale et Marcel Falala, résistant et rescapé de Dachau durant la Seconde Guerre mondiale, ont tous trois reçu la Légion d’honneur en reconnaissance de leur action courageuse pendant ces trois conflits qui ont meurtri la ville.

 

  • La gare de Reims a accueilli d’illustres visiteurs ! En 1854, l’empereur Napoléon III lui-même assiste à l’inauguration de l’arrivée du chemin de fer à Reims. La nouvelle gare de Reims inaugurée en 1860 a quant à elle vu défiler les présidents de la République Sadi Carnot en 1891 et Félix Faure en 1896, le tsar de Russie Nicolas II en 1901 ou encore le chef du gouvernement de l’Union soviétique Nikita Khrouchtchev lors de sa tournée en France en 1960.

 

  • Les sous-sols de la gare de Reims renferment toutes sortes d’activités insolites : on y trouve les archives de la région SNCF et de la gare, le stand de tir de l’Union sportive des cheminots de Reims, installé ici depuis 1973, ou encore un abri de défense passive qu’il a été question de transformer en abri antiatomique pendant la guerre froide !
Hervé Chatriot – Wladimir, locomotive à vapeur 140C313
  • Vous pouvez admirer en gare de Reims une locomotive à vapeur 140 C numéro de série 313 sauvegardée et rénovée en 1974 à la demande du maire de Reims Jean Taittinger en hommage à sa femme, artiste férue de trains. C’est pour cela que la locomotive est surnommée Wladimir, du nom de leur plus jeune enfant. Fabriquée à Glasgow en Ecosse, Wladimir a survécu à une périlleuse traversée transmanche pendant la Première Guerre mondiale et aux destructions et réquisitions de la Deuxième Guerre mondiale. Elle aurait aussi pu être détruite à la fin de son service commercial. Aujourd’hui, sur 273 exemplaires de la série de locomotives 140 C, il n’en reste plus que 8 au monde, dont Wladimir !

 

Pour aller plus loin : Hervé Chatriot, Reims la Magnifique, Liralest ; Le Pythagore Editions, 2023.

Le Poste 1, grande tour qui donne sur les voies ferrées
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Le Poste 1 de Lyon Perrache, monument historique !

Le Poste 1 de Lyon Perrache est devenu un monument historique : témoin du 20ème siècle, il est essentiel pour préserver la mémoire collective.

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Le Poste d’aiguillage 1 de Lyon Perrache, qui date de 1930, était chargé d’expédier et de recevoir les trains du côté ouest de la gare. C’est un poste « électromécaniques à poignées d’itinéraires », une technologie de pointe imaginée par Thomson-Houston qui a augmenté la puissance et le rayon d’action des postes d’aiguillage. Agrandi et adapté lors de l’électrification de la ligne Paris-Lyon-Marseille en 1952, il n’a terminé son service qu’en 2016. Inclus d’emblée dans le programme “Postes remarquables”, il a immédiatement entamé sa reconversion. D’importants travaux de réhabilitation ont été engagés entre 2021 et 2022 qui lui permettent d’accueillir le public, notamment lors des Journées Européennes du Patrimoine 2023 . 

Le Poste 1 de Perrache est le premier à être ouvert au public et à bénéficier d’un logiciel dédié qui simule son fonctionnement d’autrefois. Si vous avez la chance de le visiter, pour votre plus grand plaisir, vous serez aux commandes d’un véritable poste d’aiguillage et effectuerez les gestes qui font d’un aiguilleur un agent essentiel de la sécurité ferroviaire. 

Devenir monument historique

Un monument historique est un site reconnu pour sa valeur culturelle, architecturale ou historique. Son intérêt réside dans sa capacité à témoigner du passé, à préserver la mémoire collective et à inspirer la compréhension de l’évolution humaine. Les postes d’aiguillages tels que celui de Lyon Perrache sont représentatifs des différentes technologies utilisées entre 1900 et 1980, de l’évolution des métiers et de l’arrivée de l’informatique dans les savoir-faire. Ils sont essentiels pour appréhender le patrimoine industriel du 20ème siècle. 

Pour le Patrimoine SNCF, c’est un moment important. L’inauguration de la plaque « Monument historique »  du  Poste a eu lieu le jeudi 4 mai 2023. L’association Rails & histoire, qui a porté le projet, proposait une visite virtuelle inaugurale depuis sa chaîne YouTube, Aiguillages. Une retransmission des moments forts de la journée a été diffusée, suivie de la visite du Poste. Olivier Vellay, architecte du patrimoine, et Sébastien Barbe, délégué général de Rails & histoire, ont pris le temps d’échanger avec les internautes et de répondre à leurs questions. 

Un Poste Remarquable 

Devenir un monument historique assure la préservation du Poste et sa transmission aux générations futures. Au total, 25 postes d’aiguillage mécaniques, électromécaniques, électriques, électroniques, sont préservés dans le cadre du programme de préservation et de sauvegarde des Postes remarquables que SNCF Réseau porte avec l’association Rails & Histoire.

Pour aller plus loin

Découvrez les détails du projet pour le Poste 1 de Lyon Perrache et le programme de sauvegarde des postes remarquables, porté par l’association Rails et histoire.  

Un ouvrage de référence : Olivier Vellay, Remarquables postes d’aiguillage, Paris, SNCF Réseau/Rails et histoire, 2023 

Retrouvez également notre podcast sur la reconversion du poste :