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Mémoire

GACHE Marie-Antoine

Né le 7 novembre 1897 à Lubersac (Corrèze) – Mort en déportation le 3 octobre 1944 à Brême-Blumenthal (Allemagne). Fils d’horloger, Marie-Antoine (Henri) Gache obtient son brevet élémentaire et devient électricien. Mobilisé en août 1916, blessé à Verdun l’année suivante, il retourne à la vie civile en octobre 1919. Il entre à la Compagnie du […]

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Né le 7 novembre 1897 à Lubersac (Corrèze) – Mort en déportation le 3 octobre 1944 à Brême-Blumenthal (Allemagne).

Fils d’horloger, Marie-Antoine (Henri) Gache obtient son brevet élémentaire et devient électricien. Mobilisé en août 1916, blessé à Verdun l’année suivante, il retourne à la vie civile en octobre 1919. Il entre à la Compagnie du Paris-Orléans en octobre 1920 comme attaché, avant de devenir conducteur électricien en février 1924, chef conducteur électricien quatre ans plus tard, puis sous-chef de dépôt à Châteauroux, Vierzon et, à partir de février 1944, à Limoges. Depuis 1930, il est marié à Renée Magoutière, avec qui il a eu deux filles et trois garçons, nés entre 1932 et 1943. Au début de l’année 1943, il a rejoint la Résistance et l’Armée secrète. Il fournit des informations sur les installations ferroviaires et sur la manière d’effectuer les sabotages. Lui-même procède à des sabotages de canalisations électriques et de machines. Le 27 mai 1944, à 20 h 15, il est arrêté au dépôt car, nous dit sa direction, il « ne s’est pas conformé aux prescriptions données par les autorités allemandes concernant la dispersion des locomotives ». Libéré le 3 juin, il est de nouveau arrêté le 9 juin vers midi, chez lui, par la Sipo-SD dont l’enquête a mis en évidence sa responsabilité dans des sabotages. Emprisonné à Limoges, placé en détention de sécurité, il est transféré le 12 juin à Compiègne-Royallieu (no 40956) et déporté le 15 juillet à Neuengamme (mat. 39430). Envoyé au travail forcé au Kommando Blumenthal des chantiers navals de Brême, il y meurt d’épuisement le 3 octobre 1944.

Son nom, inscrit sur le monument aux morts du dépôt, figure aussi sur la plaque commémorative apposée en gare de Limoges-Bénédictins. Le statut de Déporté résistant lui a été reconnu le 21 octobre 1954.

Stéphane Robine

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; dossier Béziers ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 452827 ; Rail et mémoire (informations communiquées par Anne-Marie Gache) ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

FRANÇOISE Abel

Né le 23 mai 1907 à Airvault (Deux-Sevres) – Mort en déportation le 20 novembre 1944 à Neuengamme (Allemagne). Abel (Raymond, Frédéric) Françoise effectue son service militaire dans la marine, comme quartier-maître mécanicien à l’atelier central de Brest, du 15 novembre 1927 au 1er mai 1929. Il entre aux Chemins de fer de l’État le […]

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Né le 23 mai 1907 à Airvault (Deux-Sevres) – Mort en déportation le 20 novembre 1944 à Neuengamme (Allemagne).

Abel (Raymond, Frédéric) Françoise effectue son service militaire dans la marine, comme quartier-maître mécanicien à l’atelier central de Brest, du 15 novembre 1927 au 1er mai 1929. Il entre aux Chemins de fer de l’État le 8 septembre 1930, en tant que cantonnier à l’essai à Courtalain (Eure-et-Loir). En 1931, il se marie à Simone Bouron, avec qui il aura trois enfants : deux fils, nés en 1933 et 1935, et une fille, née en 1940. Il est muté à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) en avril 1935, puis à Caen (Calvados) en août 1936, avant de trouver un poste à Limoges (Haute-Vienne) en mai 1939, ou il s’installe 40, rue Saint-Léonard. En septembre 1943, il rejoint un groupe FTP [Francs-tireurs et Partisans]. Il est arrêté le 2 mai 1944 sur les lieux de son travail en gare de La Souterraine, à la suite du sabotage d’un train de ravitaillement allemand et d’autres effectués sur la ligne Limoges- Châteauroux. Placé en détention de sécurité, il est rapidement transféré à Compiègne, pour être déporté le 4 juin 1944 dans un convoi formé de plus de 2 000 hommes vers le camp de concentration de Neuengamme. Il y est enregistré trois jours plus tard avec le matricule 33531. Après la quarantaine, il est affecté au Kommando de Stöcken, à Hanovre, où les détenus travaillent à la production d’accumulateurs électriques. Il y meurt le 20 novembre 1944.

La mention « Mort pour la France » est apposée sur son acte de décès en janvier 1947 et le titre de Déporté résistant lui est attribué en avril 1952. Son nom est repris par la plaque de l’arrondissement à la gare de Limoges-Bénédictins.

Stéphane Simonnet, Hervé Barthélémy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; D00152267, B00012250 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 481279 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

COUTY Gaston

Né le 24 septembre 1896 à Saint-Sulpice-Laurière (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 15 avril 1945 à Sandbostel (Allemagne). Gaston (Léonard) Couty est ouvrier ajusteur lorsqu’il est mobilisé dans l’infanterie, en avril 1915. Il termine le conflit avec le grade de sergent, décoré de la Croix de guerre avec une citation. Démobilisé en février 1919, […]

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Né le 24 septembre 1896 à Saint-Sulpice-Laurière (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 15 avril 1945 à Sandbostel (Allemagne).

Gaston (Léonard) Couty est ouvrier ajusteur lorsqu’il est mobilisé dans l’infanterie, en avril 1915. Il termine le conflit avec le grade de sergent, décoré de la Croix de guerre avec une citation. Démobilisé en février 1919, il entre à la Compagnie du Paris-Orléans, au service de la Traction du dépôt de Saint-Sulpice-Laurière. Il s’est marié le 11 septembre 1920 à Marie-Louise Germain ; leur fille Odile naît le 31 mai 1921. Nommé chauffeur de route en juillet de la même année, il devient ensuite mécanicien de route. Différentes affectations jalonnent sa carrière : Savenay, de nouveau Saint-Sulpice, puis Brive-la-Gaillarde (Corrèze) et, enfin, Limoges (Haute-Vienne) en mars 1924. À partir de février ou d’octobre 1943, Gaston Couty fournit à la Résistance des renseignements sur le trafic ferroviaire ennemi, participe à des sabotages et facilite les passages clandestins de la ligne de démarcation. À la suite de la destruction du transformateur du dépôt central de Limoges, plusieurs résistants sont arrêtés, dont Henri Lavergne et Marie Gache. Le 11 juin 1944, la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] interpelle Gaston Couty à son domicile, 46, rue du Grand-Treuil, à Limoges. Sans doute ignore-t‑il encore que la veille, sa fille unique Odette, âgée de 23 ans, institutrice à Oradour-sur- Glane, à péri brulée dans l’église avec une vingtaine de ses petits élèves au cours du massacre perpétré par les SS. Emprisonné à Limoges, il est ensuite transféré à Compiègne, puis déporté le 28 juillet 1944 à Neuengamme (mat. 39393) avant d’être envoyé au Kommando d’Osterort. Évacué, il meurt le 15 avril 1945 au camp mouroir de Sandbostel.

Grâce aux démarches entreprises par sa veuve Marie-Louise, le statut de Déporté résistant lui a été reconnu le 30 avril 1953. Porté sur le monument aux morts du dépôt de Limoges, le nom de Gaston Couty a été repris sur la plaque commémorative de la gare.

Stéphane Robine, Henri Dropsy

Sources : Archives SNCF, CXXV.2 118 LM 108/1 ; D00135275 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 439402 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

CHABAUD Jean

Né le 12 juillet 1895 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) – Mort en déportation le 20 décembre 1943 à Mauthausen (Autriche). Fils d’Annet Chabaud et d’Anaïse Bennefoy, Jean (Félix) Chabaud est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il fut mobilisé du 17 décembre 1914 au 7 mars 1919. Le 14 septembre 1925, il […]

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Né le 12 juillet 1895 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) – Mort en déportation le 20 décembre 1943 à Mauthausen (Autriche).

Fils d’Annet Chabaud et d’Anaïse Bennefoy, Jean (Félix) Chabaud est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il fut mobilisé du 17 décembre 1914 au 7 mars 1919. Le 14 septembre 1925, il épouse Marie Tataine avec qui il aura un fils, Annet, né le 31 octobre 1927. Lors de la Seconde Guerre mondiale, il réside avec sa famille impasse Clément-Ader, à Limoges (Haute-Vienne). Entré à la Compagnie du Paris-Orléans le 8 mars 1919, il est ouvrier électricien au dépôt de Limoges au moment de son arrestation. Si l’enquête menée par les Renseignements généraux ne révèle aucune trace de son adhésion au parti communiste, il est pourtant considéré comme suspect après avoir organisé en octobre 1940 une souscription en faveur de Félix Foulounoux, cheminot à Limoges, détenu pour propagande communiste et condamné par la suite à un an de prison et 200 F d’amende par le tribunal correctionnel de Limoges pour détention de tracts.

Le 2 mars 1943, il est recherché, comme plusieurs Limougeauds, par les autorités allemandes, qui procèdent à cette époque à de nombreuses arrestations d’hommes connus ou suspectés d’être des opposants politiques, en vue d’atteindre les objectifs fixés par le décret Meerschaum (« Écume de mer ») : déporter 35 000 hommes destinés à travailler à la production d’armes de guerre dans les camps de concentration. Jean Chabaud demeurant introuvable, les Allemands appréhendent M. Gaches, sous-chef de dépôt, et le libèrent le lendemain lorsque le suspect se constitue prisonnier après avoir passé une journée réfugié chez ses parents à Limoges. Interné dans cette ville au petit séminaire, il est emmené, avec André Boissard, camarade cheminot, au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu, où il reçoit le matricule 11412. Le 16 avril, il quitte le camp de l’Oise avec près de 1 000 hommes, dont André Boissard et Jean Saintecatherine, lui aussi agent de la SNCF, dans le premier convoi massif parti de France en direction du camp de Mauthausen. Le 18 avril 1943, il y est enregistré sous le matricule 26883. Après plusieurs mois au camp central, il est envoyé le 19 septembre 1943 au camp de Schwechat, Kommando où les détenus sont employés par la firme aéronautique Heinkel. Rapidement malade et affaibli, il est ramené à Mauthausen pour mourir le 20 décembre 1943 au Sanitätslager [pavillon d’infirmerie du camp].

Marie Chabaud, sa femme, meurt le 2 mars 1949. Son fils, Annet, pupille de la SNCF et de la Nation, est par la suite employé comme surveillant principal de 2e classe à Limoges, où son père a mené l’ensemble de sa carrière.

Jean Chabaud a obtenu le titre de Déporté résistant le 25 juin 1956. Il est titulaire de la Médaille militaire et de la Médaille de la Résistance. Son nom figure sur le monument aux morts du dépôt de Limoges et est repris par la plaque commémorative apposée en gare de Limoges.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 434615, 21 P 427640 (dossier d’André Boissard), MA 7/11, 11/3, 41/4 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

BOYER Pierre

Né le 30 décembre 1911 à Smarves (Vienne) – Disparu en déportation en décembre 1944 à Sachsenhausen (Allemagne). Jean, le père de Pierre Boyer, était poseur de voies au chemin de fer à Orléans, et sa mère garde-barrière. Après son service militaire, du 10 octobre 1932 au 15 octobre 1933, Pierre (Louis) Boyer entre, lui […]

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Né le 30 décembre 1911 à Smarves (Vienne) – Disparu en déportation en décembre 1944 à Sachsenhausen (Allemagne).

Jean, le père de Pierre Boyer, était poseur de voies au chemin de fer à Orléans, et sa mère garde-barrière. Après son service militaire, du 10 octobre 1932 au 15 octobre 1933, Pierre (Louis) Boyer entre, lui aussi, à la Compagnie du Paris-Orléans le 1er octobre 1936 comme ajusteur-monteur, ouvrier de 1re classe, à Limoges. Il est alors domicilié 7, rue des Hautes-Coutures. Il est mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale, du 30 septembre 1939 au 24 juillet 1940, avant de retrouver son poste. Le 27 avril 1942, il épouse Marie-Henriette Deforge, institutrice à Étagnac. Le 2 mai 1944, après son travail et alors qu’il s’apprêtait à prendre le train pour rentrer chez lui, il est arrêté en gare de La Souterraine (Creuse) avec six autres personnes, dont André Pachot. Ils sont soupçonnés d’avoir participé à, ou d’avoir facilité, un attentat sur la voie ferrée aux environs de la gare. Pierre Boyer est interné à la prison de Limoges le jour même, avant d’être transféré au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu le 27 mai (no 38002). Le dimanche 4 juin 1944, il est déporté à Neuengamme dans un des plus importants convois partis pour l’Allemagne, formé de plus de 2 060 hommes. Après un mois de quarantaine, il fait partie des déportés transférés à Sachsenhausen (mat. 84179). Sa femme reçoit deux cartes envoyées du camp central. Il est peut-être affecté ensuite à l’un des Kommando extérieurs du camp : à Klinker ou à Falkensee, comme beaucoup de ses camarades du convoi. Il est sûr qu’il disparaît en décembre 1944.

Pierre Boyer a obtenu la mention « Mort pour la France » et, en avril 1956, le titre de Déporté résistant. Inscrit sur la plaque commémorative de la gare de La Souterraine, son nom est repris par la plaque de l’arrondissement à la gare de Limoges-Bénédictins.

Stéphane Simonnet, Hervé Barthélémy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 429840 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation ; Notre métier, no 82.

Mémoire

BOISSARD André

Né le 7 janvier 1910 à Athis-Mons (Seine-et-Oise) – Mort en déportation le 1er juin 1944 à Gusen (Autriche). Fils de Jean Boissard et de Louise Chapdeville, André Boissard est titulaire du certificat d’études primaires élémentaires. Le 20 février 1928, il épouse Fernande Savignac, avec laquelle il aura deux fils : Raymond (1928) et Denis […]

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Né le 7 janvier 1910 à Athis-Mons (Seine-et-Oise) – Mort en déportation le 1er juin 1944 à Gusen (Autriche).

Fils de Jean Boissard et de Louise Chapdeville, André Boissard est titulaire du certificat d’études primaires élémentaires. Le 20 février 1928, il épouse Fernande Savignac, avec laquelle il aura deux fils : Raymond (1928) et Denis (1929). Il effectue son service militaire du 15 avril 1931 au 9 avril 1932. Après avoir été mécanicien automobile, André Boissard entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 21 septembre 1936, comme manœuvre à l’essai au dépôt de Limoges (Haute-Vienne). Le 15 février suivant, il devient ouvrier ajusteur-mécanicien à l’essai, puis ouvrier ajusteur au service Matériel et Traction le 21 septembre 1937. Mobilisé le 27 août 1939, il reprend son service le 15 juillet 1940 et passe élève mécanicien le 1er mars 1942 au dépôt de Limoges, où il réside au 135, avenue Aristide-Briand, près des voies de chemin de fer.

Avant la guerre et jusqu’à sa dissolution en 1939, il appartient à la cellule des cheminots du parti communiste. Ses opinions politiques sont à l’origine de son arrestation, à Limoges, à la fin du mois de juin 1941, pour reconstitution d’un parti dissous. Le 16 juin, il avait fait l’objet d’une mesure d’internement de six jours au camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux. Le 23 septembre suivant, la section spéciale du tribunal militaire de Périgueux prononce son acquittement. Il reste cependant sous la surveillance des autorités et, le 24 juillet 1942, la police judiciaire procède à une perquisition de son domicile, car, répondant à l’appel diffusé sur Radio-Londres, il a participé à la manifestation du 14 Juillet. Outre ses activités de distribution de tracts et de documents du Front national, il aurait été l’initiateur de groupes de sabotage parmi les cheminots de la région de Limoges, sous les ordres d’Émile Planteligne, qui aide à la formation de groupes FTP dans le secteur. Le 2 mars 1943, il est arrêté chez lui par les autorités allemandes qui, à ce moment-là, multiplient les arrestations d’hommes connus comme étant des opposants politiques ou suspectés de l’être, afin d’atteindre les objectifs du décret Meerschaum (« Écume de mer »). Cette opération vise l’internement dans les camps de 35 000 hommes « aptes au travail » afin qu’ils travaillent jusqu’à la mort pour l’économie de guerre du Reich. Incarcéré au petit séminaire à Limoges, André Boissard est ensuite emmené au Frontstalag 122 de Compiègne-Royallieu, avec le cheminot Jean Chabaud, interpellé le 3 mars. Le matricule 11409 lui est alors attribué. Le 16 avril, accompagné de Jean Chabaud et d’un autre agent de la SNCF, Jean Saintecatherine, il quitte le camp de l’Oise dans le premier convoi massif, de près de 1 000 hommes, parti de France vers Mauthausen. Arrivé le 18 avril 1943, il est enregistré sous le matricule 26877. Après une période de quarantaine, il est envoyé à Gusen le 10 mai 1943 (mat. 69 puis 47516). Il y meurt le 1er juin 1944.

André Boissard a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre de Déporté résistant le 15 décembre 1967. Son nom figure sur le monument du dépôt et est reprise que la plaque commémorative dans le hall de la gare de Limoges-Bénédictins.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; 1998/024/ATDIV/56/3 ; 2001/001/ATDIV/95/16 ; D00065468, B00006718 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 427640, MA 7/6, 7/11, 26/13, 26/9, 11/4, 26/7, 19/4 ; Archives privées P. S. Choumoff ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Gares et réseau ferré

Un nouveau regard sur la gare de Reims

Que vous soyez un usager régulier de la gare de Reims ou que vous veniez visiter – en train ou non – cette belle ville, ne passez pas à côté des merveilles de « La Magnifique » ! Hervé Chatriot, qui est lui-même cheminot en gare de Reims, a eu à cœur de faire découvrir […]

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Que vous soyez un usager régulier de la gare de Reims ou que vous veniez visiter – en train ou non – cette belle ville, ne passez pas à côté des merveilles de « La Magnifique » ! Hervé Chatriot, qui est lui-même cheminot en gare de Reims, a eu à cœur de faire découvrir au grand public par un ouvrage riche en archives et en images les secrets de l’épopée ferroviaire rémoise, de sa conception à ses continuelles métamorphoses. En attendant de vous plonger dans cet ouvrage passionnant, nous vous avons sélectionné sept anecdotes insolites parmi les nombreuses histoires qui entourent la gare de Reims !

 

  • La construction de la gare de Reims a donné lieu à une rivalité entre les villes d’Épernay et de Reims : c’est à laquelle capterait la première une ligne de chemin de fer pour devenir la porte ouverte vers le grand Est. C’est Épernay qui l’emporte : il faut attendre cinq ans pour que le chemin de fer arrive à Reims en mai 1854. La gare de Reims devient ensuite le centre d’une étoile ferroviaire desservant la Belgique via Charleville, qui s’étend vers Tergnier, Laon, Soissons, Châlons…

 

  • La première gare de Reims était une remise ! Au lieu de construire un “bâtiment voyageurs” provisoire et destiné à être détruit, la Compagnie du chemin de fer de Paris à Strasbourg, chargée de l’exploitation de la gare, choisit d’affecter à l’accueil des voyageurs une future remise à voitures de chemin de fer qui a accueilli les voyageurs de 1854 à 1860.

 

  • En 1854, les membres d’une commission municipale chargée de désigner le futur emplacement de la nouvelle gare en projet ont l’idée pour le moins originale de commander des toiles peintes en trompe l’œil représentant la future gare afin de tester, en grandeur nature, son positionnement. Cette coûteuse simulation a fait beaucoup parler d’elle, mais n’a pas été inutile, puisque le conseil municipal a ainsi pris conscience de l’inadéquation de l’emplacement pressenti qui enlaidissait un quartier dont on voulait qu’il soit une vitrine de la beauté et de la modernité de Reims. Un nouvel emplacement est décidé, ainsi qu’une refonte du quartier et notamment le percement d’une avenue. La nouvelle gare, au coût colossal, mérite son surnom de « La magnifique » : signée Félix Langlais, sa façade est longue de 105 mètres, comporte trois pavillons et un buffet. Quant aux immenses toiles la représentant, elles sont données au théâtre pour servir de décor.

  • François Ménécier, chef de la gare de Reims en pleine guerre de 1870, Paul Raulin pendant la Première Guerre mondiale et Marcel Falala, résistant et rescapé de Dachau durant la Seconde Guerre mondiale, ont tous trois reçu la Légion d’honneur en reconnaissance de leur action courageuse pendant ces trois conflits qui ont meurtri la ville.

 

  • La gare de Reims a accueilli d’illustres visiteurs ! En 1854, l’empereur Napoléon III lui-même assiste à l’inauguration de l’arrivée du chemin de fer à Reims. La nouvelle gare de Reims inaugurée en 1860 a quant à elle vu défiler les présidents de la République Sadi Carnot en 1891 et Félix Faure en 1896, le tsar de Russie Nicolas II en 1901 ou encore le chef du gouvernement de l’Union soviétique Nikita Khrouchtchev lors de sa tournée en France en 1960.

 

  • Les sous-sols de la gare de Reims renferment toutes sortes d’activités insolites : on y trouve les archives de la région SNCF et de la gare, le stand de tir de l’Union sportive des cheminots de Reims, installé ici depuis 1973, ou encore un abri de défense passive qu’il a été question de transformer en abri antiatomique pendant la guerre froide !
Hervé Chatriot – Wladimir, locomotive à vapeur 140C313
  • Vous pouvez admirer en gare de Reims une locomotive à vapeur 140 C numéro de série 313 sauvegardée et rénovée en 1974 à la demande du maire de Reims Jean Taittinger en hommage à sa femme, artiste férue de trains. C’est pour cela que la locomotive est surnommée Wladimir, du nom de leur plus jeune enfant. Fabriquée à Glasgow en Ecosse, Wladimir a survécu à une périlleuse traversée transmanche pendant la Première Guerre mondiale et aux destructions et réquisitions de la Deuxième Guerre mondiale. Elle aurait aussi pu être détruite à la fin de son service commercial. Aujourd’hui, sur 273 exemplaires de la série de locomotives 140 C, il n’en reste plus que 8 au monde, dont Wladimir !

 

Pour aller plus loin : Hervé Chatriot, Reims la Magnifique, Liralest ; Le Pythagore Editions, 2023.

Mémoire

La Libération commémorée en gare cet été

Le 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire sera célébré en France en 2024 et 2025. La SNCF est mécène de la Mission Libération, chargée par le gouvernement d’organiser ce cycle commémoratif, et a souhaité s’y associer en proposant plusieurs événements. Ainsi, voyageurs et visiteurs pourront découvrir dès […]

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Le 80e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire sera célébré en France en 2024 et 2025. La SNCF est mécène de la Mission Libération, chargée par le gouvernement d’organiser ce cycle commémoratif, et a souhaité s’y associer en proposant plusieurs événements. Ainsi, voyageurs et visiteurs pourront découvrir dès le mois de juin 2024 en gares de Paris Montparnasse, de Caen et de Bayeux plusieurs expositions.

Le programme des commémorations de l’année 2024 comprend les deux débarquements de Normandie et de Provence, les libérations de Paris et de Strasbourg, l’engagement de la Résistance française dans les combats, ainsi que la Reconstruction de la France et son retour dans le concert des Nations. Aux côtés de la Mission Libération, la SNCF s’engage auprès des vétérans et de la jeunesse avec la double responsabilité d’honorer et de transmettre la mémoire de ces événements.

Engagée depuis plus de trente ans dans un travail de mémoire, la SNCF souhaite apporter sa contribution à la transmission et à l’enseignement de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale aux nouvelles générations, en ouvrant ses archives, qui sont en ligne depuis 2012, en soutenant la recherche historique, en transmettant la mémoire des victimes de la Shoah et de la répression menée par les nazis et le gouvernement de Vichy et en honorant celle des cheminots résistants. C’est pourquoi l’entreprise s’engage tout au long du cycle commémoratif et s’attache particulièrement en 2024 à rendre hommage à l’engagement des cheminots au sein de la Résistance et à leur participation aux combats de la Libération.

Du 15 mai au 30 août, la gare de Paris Montparnasse présente deux expositions dans le hall 2 Pasteur. « 1944-2024 : 80 ans de la Libération de Paris » est le fruit d’un partenariat entre SNCF Gares & Connexions et le musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin, (Paris-Musées). Une belle occasion de retracer et de redécouvrir les grands jalons de cet événement historique qui marque encore aujourd’hui les mémoires et les imaginaires.

Une deuxième exposition, « Cheminots dans la Résistance », met en lumière les modes d’action des cheminots et cheminotes confrontés à la guerre puis à l’occupation sous la double tutelle de l’occupant et de Vichy jusqu’à la Libération. Bénéficiant d’une plus grande liberté de circulation que le reste de la population et d’un poste d’observation exceptionnel qui leur permettait de récolter des renseignements essentiels, à une époque où le chemin de fer représente plus que jamais un enjeu stratégique crucial, et, certains ont fait le choix de résister et l’ont souvent payé de leur vie.

La gare de Caen et la gare de Bayeux accueilleront quant à elles les participants aux commémorations internationales du 6 juin avec une exposition mémorielle sur le 80e anniversaire du Débarquement et de la Bataille de Normandie.

Gare de Caen – Robert Delassalle

La SNCF ouvre également du 26 mai au 6 juillet une exposition à son siège de Saint-Denis. Revenant sur l’image contrastée, et finalement mal connue, des cheminots pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle s’attachera à retracer la vie quotidienne et la vie au travail des agents de la SNCF et de leurs familles, préoccupés par le ravitaillement, surveillés par les cheminots allemands, et exposés particulièrement aux bombardements. Partant de la création de la SNCF et de la Drôle de Guerre pour évoquer les combats de 1940 et l’Exode, l’exposition fera un gros plan sur la Libération : la mise en application du plan de sabotages des voies élaboré par la France libre, la participation des cheminots aux combats, le prix payé lors des massacres du printemps et de l’été 1944 puis la reconstruction. Enfin, elle évoquera la construction des mémoires de la guerre, édifiées sur la figure d’une entreprise SNCF unanimement résistante, auxquelles a succédé le travail de mémoire de l’entreprise qui fait une large place à la recherche scientifique, en particulier à l’étude des parcours des individus, et à la mémoire de la Shoah. De nombreux témoignages enregistrés et une importante documentation, rassemblés par Rails & Histoire (l’association pour l’histoire des chemins de fer), ainsi que des documents des archives de l’entreprise permettent à chacun de se rapprocher des cheminots des années 1940.

L’essentiel :

  • « 1944-2024 : 80 ans de la Libération de Paris » ; « Cheminots dans la Résistance » ; Gare Paris-Montparnasse, Hall 2 Pasteur ; 15 mai – 30 août 2024.
  • Gare de Caen ; Gare de Bayeux : mai – juin 2024
  • “La vie quotidienne des cheminots” ; Siège SNCF, Campus Etoiles, 2 place aux Etoiles, 93200 Saint-Denis ; 26 mai – 6 juillet 2024. Vous pouvez dès à présent, écouter les témoignages enregistrés de plusieurs dizaines de cheminotes et cheminots sur leur vie quotidienne et leurs engagements pendant la guerre.

 

Pour découvrir le parcours d’une assistante sociale à la SNCF pendant la Deuxième Guerre Mondiale, vous pouvez également lire notre article sur Madeleine Verly.

Pour en savoir plus sur les cheminots résistants de Nantes, c’est par ici.

 

Mémoire

En Normandie, coup d’envoi des commémorations des 80 ans du Débarquement

Le cycle de commémorations des 80 ans des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire s’est ouvert en Normandie ce mercredi 5 juin 2024, à la gare de Saint-Lô, la « capitale des ruines » comme la surnomme le dramaturge anglais Samuel Beckett depuis son poste d’intendant de la Croix Rouge […]

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Le cycle de commémorations des 80 ans des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire s’est ouvert en Normandie ce mercredi 5 juin 2024, à la gare de Saint-Lô, la « capitale des ruines » comme la surnomme le dramaturge anglais Samuel Beckett depuis son poste d’intendant de la Croix Rouge en charge de l’hôpital de fortune local. Un hommage national a été rendu aux victimes civiles dans le haras national de la ville.

Gare et ville de Saint-Lô détruite / Fonds d’archives de Normandie / National Archives USA

Cible prioritaire de l’aviation alliée, la gare de Saint-Lô est bombardée dès le 6 juin 1944, tout comme la centrale électrique et le centre de télécommunications de la ville. Celle-ci est ensuite entièrement détruite par les Alliés : la première vague d’avions, américaine, arrive à 20 h 05, suivie de la Royal Air Force britannique à 22 h. Le bombardement dure jusqu’à deux heures du matin. Les habitants quittent la ville rasée à 95 % jusqu’à l’arrivée de troupes américaines le 18 juillet.

Des employés de la SNCF et leurs familles font partie des quelques 450 victimes de cette nuit-là. D’autres sont victimes des combats qui suivent. A la gare de Saint-Lô, on trouve inscrits les noms de Jean-Baptiste Douesnard, chef de canton tué chez lui par le bombardement, dont le corps n’a jamais été retrouvé ; du cantonnier Marcel Le Meulais, tué le 7 juin par des éclats de bombes aux abords d’un passage à niveau ; d’Émile Legrand, chef d’une équipe de manutention à la gare, tué le 10 août par des tirs d’artillerie.

Saint-Lô, en tant que chef-lieu, est surtout le siège de la prison et du tribunal allemand. Les cheminots résistants de Coutances, de Cherbourg, d’Orval-Hyenville et de Mézidon-Canon y sont emprisonnés et jugés avant d’être exécutés à Saint-Lô ou déportés vers les camps de concentration du Reich. Cette prison est également bombardée, ce qui entraîne la mort de beaucoup des 75 internés. Le résistant Jean Vauzelle parvient à tromper ce destin tragique et profite du bombardement pour s’enfuir mais il meurt à l’été 1944 dans l’armée de libération.

Les victimes cheminotes de tout le département de la Manche figurent sur le monument départemental à Saint-Lô.

On y honore la mémoire d’Alexandre Avoyne et ses filles, Félix Bouffay, Louis Barbey, Fernand Charpentier, Philibert Daireaux, Yves Duboscq, Léon Theil, Pierre Tirel, Joseph Scelles et Edmond Coolzaët. Ces dix cheminots résistants dans le mouvement de Résistance communiste Front national sont arrêtés en juillet 1942 par les forces d’occupation, pour avoir distribué des tracts et collecté des renseignements sur le trafic ferroviaire allemand. Cinq d’entre eux sont condamnés à mort et exécutés à Saint-Lô, trois meurent en déportation. Seuls Joseph Scelles et Edmond Coolzaët en sont revenus.

Stéphane Contesse du même groupe est condamné et déporté peu après pour avoir tenté de porter secours à ces internés et meurt en déportation.

Deux autres résistants cheminots ont été exécutés en 1943 à Saint-Lô ou sont morts en déportation :
Robert Colléatte, né le 8 octobre 1911 à Amiens (Somme), condamné à mort et fusillé le 20 septembre 1943 à Saint-Lô ; Jean Houyvet, cheminot de Cherbourg, déporté et mort en déportation le 23 mars 1943 à Sachsenhausen en Allemagne.

Trois autres cheminots ont été exécutés ou déportés et sont morts en déportation pour des motifs divers : Léon Raynel, Paul Robillard, Francis Sylvestre.

Mémoire

SEMARD Pierre

Né le 15 février 1887 à Bragny-sur-Saône (Saône-et-Loire) Fusillé comme otage le 7 mars 1942 à Évreux (Eure). Fils d’un cantonnier et d’une garde-barrière du réseau PLM, Pierre Semard passe son enfance en Bourgogne. Après son certificat d’études primaires, il travaille chez un notaire avant de chercher un métier à Paris. Un temps apprenti charcutier, […]

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SEMARD Pierre

Né le 15 février 1887 à Bragny-sur-Saône (Saône-et-Loire)
Fusillé comme otage le 7 mars 1942 à Évreux (Eure).

Fils d’un cantonnier et d’une garde-barrière du réseau PLM, Pierre Semard passe son enfance en Bourgogne. Après son certificat d’études primaires, il travaille chez un notaire avant de chercher un métier à Paris. Un temps apprenti charcutier, il prend sa première carte syndicale à la fédération CGT de l’alimentation. En 1907, il devance l’appel et s’engage pour trois ans. En résidence à Valence (Drôme), il s’y marie avec la fille d’un marchand de primeurs.

Revenu à la vie civile, il passe un examen pour entrer au PLM comme facteur aux écritures [employé commercial] puis, après avoir occupé divers postes (Montélimar et Bagnols-sur-Cèze), il entre au secrétariat du chef de gare. Il éprouve des difficultés à se faire admettre au syndicat, ses fonctions incitant ses camarades à la méfiance.

Lors de la Première Guerre mondiale, père de trois enfants, il est mobilisé sur place à Valence. Son engagement syndical lui vaut d’être écarté du secrétariat du chef de gare pour être muté au service des trains. Délégué au premier congrès de l’Union des syndicats du PLM à Avignon (5-6 mai 1917), ses talents d’orateur ne passent pas inaperçus. Très actif sur le plan interprofessionnel au sein de l’Union CGT Drôme-Ardèche, il en devient rapidement le premier responsable. En 1916, après la conférence de Kienthal organisée par les opposants à la guerre, il adhère au Parti socialiste. Mobilisé fin 1918, envoyé en Belgique, il revient très vite à Valence. Sa femme, atteinte de la grippe espagnole, meurt le 3 mars 1919, le laissant veuf avec trois enfants à charge. Une forte solidarité l’entoure, lui permettant de poursuivre ses activités militantes.

Militant affirmé de la CGT, Pierre Semard devient en 1920 l’un des principaux dirigeants nationaux de la Fédération nationale des cheminots. En février, il anime en compagnie de Lucien Midol la grève sur le réseau PLM. Révoqué le 8 mai 1920, il se remarie en juin avec Juliette Contier, employée au télégraphe en gare de Valence, elle-même révoquée. Pour subvenir aux besoins de sa famille, il devient gérant de la coopérative des cheminots.

Mais bien vite, l’activité syndicale l’accapare et l’amène à Paris l’année suivante. La scission au sein de la CGT étant en marche, Pierre Semard regroupe des révolutionnaires qui constituent la CGTU. Il en est l’un des principaux animateurs parmi les cheminots, mais prend par la suite également des responsabilités confédérales, l’un des rares membres de la commission exécutive à le rester durant quinze ans, de 1921 à 1936, date de la réunification. Il représente la CGTU à la conférence d’Essen en Allemagne, pour tenter d’empêcher la réoccupation de la Ruhr. À son retour, il est arrêté et fait son premier séjour à la prison de la Santé du 10 janvier au 7 mai 1923.

Ayant choisi le Parti communiste au congrès de Tours, il reste néanmoins attaché à l’autonomie syndicale. Avec Gaston Monmousseau, il rencontre Lénine en novembre 1922 et obtient que cette autonomie soit reconnue par ce dernier. La direction du PCF étant peu ouverte aux militants d’origine ouvrière, c’est l’Internationale communiste qui en fait, par sa volonté, le secrétaire général du PC le 11 août 1924. Il faut attendre le congrès de Lyon en juin 1926 pour que son autorité s’affirme. Opposé à la guerre du Rif, il fait un nouveau séjour à la Santé pendant le second semestre de 1927, puis est libéré le 8 janvier 1928.

À la suppression du poste de secrétaire général du PC en septembre 1928, Pierre Semard reprend des activités au sein de la Fédération des cheminots CGTU, dès l’automne 1933. Il reste membre du bureau politique du PCF et, en mai 1935, il est élu conseiller général de Drancy ; il l’est jusqu’en 1939. Le 26 juin 1934, après le congrès, il redevient secrétaire général de la Fédération CGTU. Il s’implique fortement dans la marche vers l’unité, qui est réalisée le 10 décembre 1935, Pierre Semard devenant secrétaire dans une direction paritaire. Le congrès de 1938 rétablit la fonction de secrétaire général, qui sera alors occupée par Jean Jarrigion pour l’ex-CGT et Semard pour l’ex-CGTU.

Très présent dans les débats sur la création de la SNCF et les questions de politique des transports, il devient l’un des quatre membres du conseil d’administration de la SNCF au titre de la représentation des cheminots, le seul de l’ex-tendance unitaire. Se considérant comme le mandataire des syndiqués, il y intervient toujours de manière précise et documentée dans le but d’y présenter des propositions allant dans le sens de la modernisation et de la démocratisation de la nouvelle entreprise. Il préconise ainsi que la SNCF rompe avec les anciens réseaux et adopte une organisation en grandes régions. La grève du 30 novembre 1938 est lourde de conséquences. Pour avoir signé les tracts appelant à la grève, les deux secrétaires généraux membres du conseil d’administration, Jarrigion et Semard, sont démis de cette instance. Traduit devant le conseil de discipline, Pierre Semard est rétrogradé à son emploi de début, facteur aux écritures, et muté à Loches (Indre-et-Loire).

Les divisions latentes s’exacerbent au sein de la direction fédérale, où les deux tendances s’affrontent au sujet du pacte germano-soviétique. Ceux qui le soutiennent sont exclus le 25 septembre 1939 des instances de direction. Pierre Semard, qui juge antistatutaire cette mesure, demande au trésorier Tournemaine de bloquer en banque les cotisations des adhérents. L’autre secrétaire général, Jarrigion, dépose alors plainte pour détournement de fonds. Arrêté le 20 octobre 1939, Pierre Semard se retrouve une nouvelle fois à la Santé. Il comparaît, ainsi que Tournemaine, le 6 avril 1940 devant le Tribunal militaire. Dès le début du procès, la plainte pour détournement de fonds tombe d’elle-même ; reste l’infraction au décret du 26 septembre 1939 prononçant la dissolution du PCF. À ce titre, ils sont l’un et l’autre condamnés à trois ans de prison.

Le 9 mai 1940, Pierre Semard est révoqué une seconde fois de la SNCF et transféré à la prison de Fresnes. Onze jours plus tard, il est évacué à Bourges où il est incarcéré pendant près de dix-huit mois. Sa femme Juliette est arrêtée en aout 1941 et sa fille Yvette début 1942. Il écrit beaucoup en prison, des contes, un roman antiraciste, et reprend l’écriture de son Histoire de la fédération des cheminots arrêtée en 1934. Au début de l’année 1942, il est transféré au camp d’internement de Gaillon puis conduit, le 6 mars, à la prison d’Évreux, où il est fusillé comme otage le lendemain par les autorités allemandes.

Sa mort provoque un énorme choc dans la corporation. Une lettre en direction des cheminots renforce l’engagement de ceux-ci dans la lutte contre l’occupant nazi. Après la Libération, à Paris, la rue Baudin où était le siège de la Fédération des cheminots CGT prend le nom de Pierre-Semard. Ce nom est ensuite souvent repris et l’est encore aujourd’hui pour de nombreuses rues et places, notamment à proximité des gares.

Pierre Vincent

Photo : Institut d’histoire sociale CGT Cheminots.

Sources ; SNCF, dossier archives du personnel, Béziers ; Service historique de la défense, DAVCC, dossier statut ; IHS CGT Cheminots ; Rail et mémoire ; Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français.

Extrait de l’ouvrage Les Cheminots victimes de la répression, 1940-1945. Livre mémorial (Paris, Perrin/Rails et histoire/SNCF, 2017).