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Mémoire

ROIFFÉ Paul

Né le 20 février 1909 à Sousse (Tunisie) – Exécuté le 26 mars 1944 à Brantôme (Dordogne). Marié et père de trois enfants, Paul (Charles, Émile) Roiffé est manœuvre auxiliaire au service de la Voie et des Bâtiments de Limoges (Haute-Vienne), et demeure à Coussac-Bonneval. Il fait partie du réseau Alliance sous les pseudonymes de […]

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Né le 20 février 1909 à Sousse (Tunisie) – Exécuté le 26 mars 1944 à Brantôme (Dordogne).

Marié et père de trois enfants, Paul (Charles, Émile) Roiffé est manœuvre auxiliaire au service de la Voie et des Bâtiments de Limoges (Haute-Vienne), et demeure à Coussac-Bonneval. Il fait partie du réseau Alliance sous les pseudonymes de « Patrice » et de « Trébourda », en qualité d’agent de renseignements du secteur Tunnel. Une coupure de presse non datée parue a la Libération dans La Marseillaise indique également son appartenance aux MUR [Mouvements unis de la Résistance] comme « chef du service des sabotages Fer région de Limoges ». Le 4 ou le 6 février 1944, Paul Roiffé est arrêté à Bordeaux (Gironde) et interné à Limoges. Le 25 mars, alors qu’il est toujours détenu, un événement scelle son destin. Il se produit au nord de Brantôme, sur la route d’Angoulême, à proximité de l’embranchement de la nationale 675 qui mène à Nontron. Un groupe de résistants attaque une voiture allemande, dont plusieurs occupants sont touchés. La réaction de la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] est immédiate et impitoyable. Le 26 mars, 25 détenus de la prison de Limoges, dont Paul Roiffé, sont extraits de leur cellule, emmenés en autocar à Brantôme, au lieu-dit Les Fontaines noires, et exécutés sans jugement, avec un domestique de ferme pris sur les lieux. Le lendemain, 25 autres personnes emprisonnées à Limoges et à Périgueux sont exécutées dans les mêmes conditions à Sainte-Marie-de-Chignac. Dans les deux cas, beaucoup ont été choisies parce que juives.
Le nom de Paul Roiffé figure sur la plaque commémorative apposée en gare de Limoges, où il existe une allée Paul-Roiffé, sur le monument de la ville qui honore les victimes de la guerre 1939-1945, et sur celui de Brantôme.

Stéphane Robine

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 146140 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Amicale de l’Alliance, Mémorial de l’Alliance, 1947 ; F. Cordet, Carnets de guerre en Charente, 2004.

Mémoire

MOULY Roger

Né le 16 septembre 1921 a Monbalen (Lot-et-Garonne) – Arrêté dans le Reich, condamné a mort et guillotiné le 13 septembre 1944 à Brandebourg-Görden (Allemagne). Roger Mouly est le fils des cheminots Pierre Mouly et Marie-Madeleine Aupetit, domiciliés à Réchignac, commune de Saint-Jory-de-Chalais (Dordogne), au passage à niveau 260. Célibataire, il habite 59, rue Champlain, […]

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Né le 16 septembre 1921 a Monbalen (Lot-et-Garonne) – Arrêté dans le Reich, condamné a mort et guillotiné le 13 septembre 1944 à Brandebourg-Görden (Allemagne).

Roger Mouly est le fils des cheminots Pierre Mouly et Marie-Madeleine Aupetit, domiciliés à Réchignac, commune de Saint-Jory-de-Chalais (Dordogne), au passage à niveau 260. Célibataire, il habite 59, rue Champlain, à Limoges (Haute-Vienne), où il entre le 9 août 1942 à la SNCF comme auxiliaire. Devenu homme d’équipe a l’essai le 30 septembre suivant, il est détaché le 19 janvier 1943 à Braunschweig (Brunswick) où il est employé par la Deutsche Reichsbahn à la gare de triage avec d’autres cheminots français, requis comme lui. Le petit groupe fait rapidement preuve de mauvaise volonté au travail et se livre assez ouvertement à une importante propagande antiallemande, affichant notamment son soutien envers les Alliés. Bientôt, les cheminots français se livrent à des actes de sabotage à la gare. Lors de la composition des trains, il leur arrive, par exemple, d’aiguiller les rames dans une direction contraire à celle qui était prévue, ou de provoquer leur collision en omettant volontairement de placer sur la voie le sabot d’enrayage qui permet de les freiner. Des wagons et leur contenu sont ainsi parfois sévèrement endommagés, lors du choc de l’accostage.

Mais leur activité est rapidement neutralisée. Le 11 octobre 1943, Roger Mouly est arrêté en compagnie de 13 de ses camarades sur dénonciation d’un travailleur volontaire français et d’un Alsacien. Placés en préventive, ils comparaissent les 19 et 20 juillet 1944 devant le Kammergericht [cour d’appel provinciale] de Berlin venu siéger à Braunschweig. Tous sont condamnés à mort pour « aide à l’ennemi », mais trois voient finalement leur peine commuée en celle de travaux forcés. Au lendemain du procès, ils sont conduits à la prison de Wolfenbüttel, puis peu après à la prison de Brandebourg-Görden pour y être exécutés. Roger Mouly est décapité le 13 septembre 1944, à 11 h 53.

Le titre de Déporté résistant lui a été attribué le 15 avril 1957. La SNCF a gravé son nom sur la plaque commémorative de la gare de Limoges-Bénédictins. Une plaque commémorative bilingue est dédiée à Roger Mouly et à ses camarades en gare de Brandebourg-sur-la-Havel.

Arnaud Boulligny

Sources : Archives SNCF, 118 LM 064/3 ; B00012862, D00165798 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 518862 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

MICHEL Camille

Né le 23 octobre 1905 a Vigeville (Creuse) – Abattu lors de son arrestation le 8 juin 1944 à Limoges (Haute-Vienne). Le 8 juin 1944, vers 17 heures, la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] fait irruption dans le dépôt de Limoges. Camille Michel, ouvrier ajusteur, a peut-être alors tenté de fuir, […]

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Né le 23 octobre 1905 a Vigeville (Creuse) – Abattu lors de son arrestation le 8 juin 1944 à Limoges (Haute-Vienne).

Le 8 juin 1944, vers 17 heures, la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] fait irruption dans le dépôt de Limoges. Camille Michel, ouvrier ajusteur, a peut-être alors tenté de fuir, toujours est-il qu’il est fauché par une rafale de pistolet-mitrailleur. Il est abandonné à son sort, gisant dans une fosse de la remise nord, sous une machine. Son collègue Michel Barthélémy a été blessé au bras. Les agents de l’atelier et des bureaux, y compris les femmes, sont rassemblés manu militari et descendus dans la fosse du chariot. Un membre de la Sipo-SD muni d’une liste appelle plusieurs noms, sans résultat, puis demande à consulter la feuille de service. À 18 h 30, les Allemands se retirent en emmenant le chef de dépôt, M. Lespès, ainsi que le manœuvre auxiliaire Alexandre Le Blanc. Entre-temps, les policiers ont consenti à ce que les premiers soins soient prodigués aux blessés. Mais il est trop tard pour Camille Michel, qui meurt le soir même à son domicile, après avoir été ramené de l’hôpital. Il était marié et père de famille. Absents lors de la rafle, deux autres cheminots sont recherchés : le chef de brigade de manœuvres Henri Lavergne est arrêté chez lui, tandis que Lucien Thomas sera abattu en tentant de s’enfuir. Le titre d’Interné politique a été attribué à Camille Michel en 1947. Porté sur le monument aux morts du dépôt, son nom est visible aussi dans le hall de la gare de Limoges-Bénédictins.

Hervé Barthélémy, Stéphane Robine

Sources : Archives SNCF, 18 LM 095/10 ; 118 LM 055 ; D00164472, B00012775 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 378349, 21 P 597877 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots.

Mémoire

SARRETTE Louis

Né le 16 octobre 1902 à Milhac-d’Auberoche (Dordogne) – Mort en déportation le 21 novembre 1944 à Melk (Autriche). Fils d’un sous-chef de brigade, Louis Sarrette entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 26 août 1918 comme auxiliaire stagiaire à Bergerac (Dordogne). Après avoir été titularisé le 1er septembre 1918, il part à Saint-Laurent-des-Combes (Gironde) […]

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Né le 16 octobre 1902 à Milhac-d’Auberoche (Dordogne) – Mort en déportation le 21 novembre 1944 à Melk (Autriche).

Fils d’un sous-chef de brigade, Louis Sarrette entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 26 août 1918 comme auxiliaire stagiaire à Bergerac (Dordogne). Après avoir été titularisé le 1er septembre 1918, il part à Saint-Laurent-des-Combes (Gironde) le 11 avril 1920, où il est d’abord stagiaire, puis élève-bureau à compter du 1er octobre 1920. À partir du 9 avril 1921, il occupe un emploi identique à Sainte-Foy-la-Grande et passe mineur facteur (employé commercial de moins de 21 ans) le 1er mai 1922. Le 7 novembre 1922, il démissionne pour effectuer son service militaire au 144e régiment d’infanterie jusqu’en mai 1924. Après avoir quitté l’armée, il est facteur mixte à l’essai à La Coquille (Dordogne), puis occupe le même poste à Donzenac (Corrèze) à partir du 24 mars 1925, avant de retourner à La Coquille un mois plus tard. Il passe facteur mixte le 3 juillet. Le 30 août 1927, il est muté dans le même emploi à Thiviers. Il rejoint Nexon (Haute-Vienne) le 19 mars 1935, ou il est nommé facteur enregistrant. Le 7 octobre 1937, il passe chef de gare intérimaire de 2e classe à Limoges avant de devenir sous-chef de cette gare (2e classe) le 22 décembre 1938. Le 27 décembre 1928, Louis Sarrette avait épousé Eugénie Bernard. Ils ont deux filles : Henriette, née le 30 janvier 1935, et Annette, le 11 février 1940. Fin 1941, il se met à distribuer des documents de propagande antiallemands. En novembre 1942, la résistance des cheminots de la gare de Limoges-Bénédictins puis des alentours s’organise sous la direction de Paul Vives-Caillat, dont Louis Sarrette devient l’adjoint. Responsable de la diffusion des tracts et de la presse clandestine, il fournit également des renseignements sur les mouvements ferroviaires et des indications pour les sabotages de voies. Le 31 janvier 1944, vers midi, deux civils sonnent au 23, rue Petiniaud-Dubos, domicile des époux Sarrette, situé à deux pas de la gare. Après être descendu pour ouvrir, Louis Sarrette remonte terminer son déjeuner sans s’occuper des deux hommes venus chercher le locataire du rez-de-chaussée. N’ayant pas trouvé l’homme qu’ils cherchaient, les inspecteurs allemands vont chez les époux Sarrette et constatent l’absence de Mme Sarrette sortie faire une course. Ils accusent son mari de l’avoir envoyée prévenir celui qu’ils étaient venus arrêter et l’arrêtent à son tour. Incarcéré à Limoges, Louis Sarrette est transféré le 9 mars 1944 à Compiègne-Royallieu, où les Allemands lui attribuent le no 29021. Le 6 avril, il est déporté à Mauthausen avec près de 1 500 hommes. Le 8 avril, il est immatriculé 63138 et, le 24, il fait partie du deuxième groupe de détenus envoyé vers le nouveau camp annexe de Melk, ouvert trois jours plus tôt. Ce site a été choisi comme lieu d’implantation d’un nouveau camp en raison notamment de son sous-sol qui sera à l’origine du nom de code du projet auquel travaillent les détenus : le projet Quarz. Ces derniers sont placés dans les bâtiments de la caserne von Birago. Dans ce camp, il est affecté à un poste de manœuvre (Hilfsarbeiter). Louis Sarrette est mort à Melk le 21 novembre 1944.

« Mort pour la France », il a obtenu le titre de Déporté résistant le 14 octobre 1954. Il est titulaire de la Médaille de la Résistance. Son nom a été porté sur la plaque de la gare de Limoges.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; 2005/028/ÉTAT/90/2 ; MIC 1998/4937 D00172672, B00013163 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 535886, LA 8538, MA 13/3, 16/2, 41/5, 36, 39/3, 21 P 1132 (registre matriculaire original du camp de Mauthausen) ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

SARRE Jean-Paul

Né le 22 janvier 1899 à Pierre-Buffière (Haute-Vienne) – Disparu en déportation en 1945 à Buchenwald (Allemagne). Ancien combattant volontaire lors de la Première Guerre mondiale, du 29 septembre 1916 au 29 septembre 1919, successivement au 1er zouaves et au 3e génie, Jean-Paul Sarre est auxiliaire à la Compagnie du Paris-Orléans à Limoges à partir […]

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Né le 22 janvier 1899 à Pierre-Buffière (Haute-Vienne) – Disparu en déportation en 1945 à Buchenwald (Allemagne).

Ancien combattant volontaire lors de la Première Guerre mondiale, du 29 septembre 1916 au 29 septembre 1919, successivement au 1er zouaves et au 3e génie, Jean-Paul Sarre est auxiliaire à la Compagnie du Paris-Orléans à Limoges à partir du 1er mars 1920, avant d’entrer véritablement dans la compagnie le 8 mai suivant comme homme d’équipe à l’essai en gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne). Le 2 août 1922, il est muté à Puy-Imbert (Haute-Vienne) et il ne revient à la gare de Limoges-Bénédictins que le 20 décembre 1934 comme facteur mixte [employé commercial], avant de passer facteur le 21 mars 1940. Secrétaire au bureau des sous-chefs de la gare de Limoges-Bénédictins, il est bien noté par ses chefs. Jean-Paul Sarre et sa femme Mathilde (née Chassaing), qu’il a épousée le 31 décembre 1921, ont trois enfants : Maurice (né le 22 septembre 1922), Simone (31 janvier 1925) et Jeanne (30 avril 1926). Avant guerre, il avait été secrétaire de la Ligue internationale des combattants de la paix pour la section de Limoges, mais il ne semblait plus avoir d’activité politique depuis le début des hostilités.

Depuis la fin de l’année 1942, Jean-Paul Sarre résiste dans l’un des groupes Fer de Paul Vives‑Caillat (responsable régional), distribuant du matériel et fournissant des renseignements sur les mouvements de l’ennemi. Le 7 mars 1943, vers 8 h 30, il est arrêté à son domicile de la rue Molière à Limoges par un civil et un militaire allemands qui auraient prétexté le besoin de le confronter avec un homme arrêté dans la nuit. Ce même jour, plusieurs autres habitants de la commune sont interpellés, dont le cheminot Jean Langlade. Après avoir été interné à la caserne du 6e cuirassiers, place Marceau à Limoges, il est transféré en train à Compiègne-Royallieu dans la nuit du 15 au 16 mars 1943, avec les personnes arrêtées le même jour que lui. Jean-Paul Sarre porte le no 12794. Le 26 mars, il est autorisé à écrire une carte à sa femme. Le 20 avril 1943, il est déporté à Mauthausen, dans un convoi de près de 1 000 hommes, dans le cadre de l’Aktion Meerschaum (écume de mer), qui a pour objectif la déportation de 35 000 hommes aptes au travail forcé. Il y est enregistré sous le matricule 28521. Le 15 juillet suivant, il est transféré au camp du Loibl Pass, où un premier groupe essentiellement composé de Français avait déjà été transféré le 2 juin lors de l’ouverture du camp. Répartis en deux camps implantés de part et d’autre du massif des Karawanken, les détenus travaillent au percement d’un tunnel routier pour le compte de la société Universale Hoch-und Tiefbau AG. Il y est autorisé à écrire une courte carte à son épouse. Après un an et demi passé au Loibl Pass, il est ramené au camp central le 17 novembre 1944, avant d’embarquer le 2 décembre 1944 dans un train conduisant 1 112 détenus à Auschwitz. En janvier 1945, alors que les troupes russes s’en approchent, Jean-Paul Sarre est transféré à Buchenwald, où il serait arrivé le 22 janvier 1945. Il aurait été admis au Block 51 puis au Block 28, et s’y serait encore trouvé le 7 avril 1945 d’après un relevé des fichiers du camp. Jean-Paul Sarre est ensuite porté disparu. « Mort pour la France », il a obtenu le titre de Déporté résistant le 11 février 1963. Il est titulaire de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre. Son nom est inscrit sur la plaque commémorative qui réunit les noms des agents de la SNCF des gares de Limoges, en gare de Limoges-Bénédictins.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; D00172659, B00013163 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 535885, 21 P 472525 (dossier de Jean Langlade), MA 7/11, 17/1 ; Archives privées P. S. Choumoff ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

SAINTECATHERINE Jean

Né le 28 mars 1889 à Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 25 ou le 26 août 1943 à Wiener Neustadt (Autriche). Forgeron-charron de métier, Jean Saintecatherine entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 25 janvier 1919, comme ouvrier à l’entretien à la gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne), après avoir effectué deux ans de service […]

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Né le 28 mars 1889 à Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne) – Mort en déportation le 25 ou le 26 août 1943 à Wiener Neustadt (Autriche).

Forgeron-charron de métier, Jean Saintecatherine entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 25 janvier 1919, comme ouvrier à l’entretien à la gare de Limoges-Bénédictins (Haute-Vienne), après avoir effectué deux ans de service militaire et avoir été mobilisé comme soldat de 2e classe du 2 août 1914 au 7 janvier 1919. Rayé des cadres pour faits de grève le 15 mai 1920, il travaille comme ouvrier forgeron chez plusieurs patrons de la région. Le 18 décembre 1933, il est réintégré à la compagnie et occupe alors un poste d’ajusteur-monteur au dépôt de Limoges, avant de rejoindre la gare de Limoges-Puy-Imbert le 1er septembre 1936, comme ouvrier ajusteur à l’entretien. Pendant l’Occupation, il est plus particulièrement employé à la préparation et à l’entretien des freins. Ancien militant très actif du parti communiste, il est bien noté par ses chefs, qui estiment qu’il a cessé toute activité politique. Ce passé l’amène toutefois à être interrogé le 11 octobre 1940, date à laquelle son domicile est perquisitionné. Il déclare alors avoir adhéré au parti socialiste en 1918 et avoir milité avec le parti communiste à partir de la scission intervenue au congrès de Tours en 1921. En 1928, il a été exclu de ce parti pour divergences de vue avec le secrétaire régional. Il a par la suite abandonné toute activité politique.

Après le décès de son épouse Catherine (née Maneix), Jean Saintecatherine s’était remarié le 17 juin 1922 avec Jeanne Pourçat. Avec elle, il a eu deux enfants : René (né le 8 janvier 1934) et Jacques (1er juin 1936). Il était déjà père de quatre enfants issus de son premier mariage : Rémy (né le 25 octobre 1913), cheminot à Argenton-sur-Creuse, Raymond (23 novembre 1916), Henri (8 avril 1923), auxiliaire à la gare de Limoges-Bénédictins, et Odette (22 février 1925), épouse de Paul Virandin, auxiliaire à la gare de Limoges-Puy-Imbert.

Avec d’autres cheminots de Limoges, il s’engage dans la Résistance et, sous les ordres d’André Boissard, il aide à la formation de groupes de sabotage. Le 2 mars 1943, il est arrêté à son domicile, tout proche de la gare, au 53, rue Jean-Dorat, à Limoges, par les autorités allemandes, qui procèdent à cette époque à de nombreuses arrestations d’hommes connus ou suspectés d’être des opposants politiques, en vue d’atteindre les objectifs fixés par le décret Meerschaum (écume de mer), qui prévoit la déportation dans les camps de concentration de 35 000 détenus « aptes au travail ». D’abord interné au petit séminaire à Limoges, Jean Saintecatherine est ensuite emmené à Compiègne-Royallieu (no 11450). Le 11 mars 1943, il écrit pour la dernière fois à sa famille. Le 16 avril, il est déporté dans le premier convoi massif de près de 1 000 hommes dirigé vers Mauthausen, en compagnie d’André Boissard et du cheminot Jean Chabaud. Le 18 avril 1943, il y est enregistré sous le matricule 26855. Après une période de quarantaine, il est transféré le 10 mai 1943 vers le camp annexe de Gusen où, devenu le matricule 109, il est affecté comme spécialiste (Facharbeiter) à la production d’armes pour le compte de la firme Steyr-Daimler-Puch AG (Rüstung Steyr). Il reste à Gusen jusqu’au 2 août. Ramené à Mauthausen, il est transféré à Wiener Neustadt, où les détenus travaillent à la production d’armes balistiques au bénéfice de la firme Rax. Jean Saintecatherine y meurt le 25 ou le 26 août 1943, des conditions de détention qu’il a endurées depuis son arrestation.

Il a obtenu la mention « Mort pour la France » et le titre de Déporté résistant le 27 octobre 1955. La SNCF a inscrit son nom sur le monument de la gare de Limoges-Bénédictins.

Adeline Lee

Sources : Archives SNCF, 118 LM 109/2 ; 303 LM 015/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 537957, MA 7/11, 7/12, 7/15, 11/3, 41/3, 7/12, 42/3, 26 P 2274 (Häftling Personalkarte) ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

QUINTON Marcel

Né le 13 novembre 1892 à Tours (Indre-et-Loire) – Mort avant son rapatriement le 25 mai 1945 à Schwerin (Allemagne). Marcel Quinton se marie en 1917 à Yvonne Bergeot. Ils auront deux enfants. En janvier 1919, il entre à la Compagnie du Paris-Orléans, dont il ne tarde pas à être renvoyé en raison de ses […]

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Né le 13 novembre 1892 à Tours (Indre-et-Loire) – Mort avant son rapatriement le 25 mai 1945 à Schwerin (Allemagne).

Marcel Quinton se marie en 1917 à Yvonne Bergeot. Ils auront deux enfants. En janvier 1919, il entre à la Compagnie du Paris-Orléans, dont il ne tarde pas à être renvoyé en raison de ses activités politiques. Il est en effet un actif militant communiste : secrétaire de la section de Joué-les-Tours (1922) et membre de la commission exécutive de la fédération d’Indre-et-Loire. Il fait aussi acte de candidature lors des élections : aux législatives de 1924 sur la liste du Bloc ouvrier et paysan et aux cantonales de 1925 dans le canton de Tours-Nord. Le mois de juin 1925 coïncide avec sa première arrestation pour ses prises de position contre la guerre du Rif. Sa situation personnelle devient rapidement précaire, puisqu’il est renvoyé de plusieurs entreprises et refusé par d’autres. Esprit indépendant et déterminé, Marcel Quinton s’oppose, sur des questions de temps de travail, au maire communiste de Saint-Pierre-des-Corps qui l’avait recruté comme cantonnier. Renvoyé puis réintégré avec l’appui du parti, il est cependant exclu de celui-ci en avril 1934 pour « usurpation de fonctions » : il s’est fait passer pour un gendarme afin de dénoncer une affaire de corruption mettant en cause un élu municipal de Tours, militant socialiste. Par la suite, Quinton collabore au Réveil, journal socialiste. Il est finalement réintégré au chemin de fer en 1932, comme mécanicien au dépôt de Limoges. Mais la signature du pacte germano-soviétique et l’interdiction des organisations communistes qui en découle entraîne son licenciement le 1er novembre 1940, « pour menées antinationales », indique la SNCF, précisant qu’il est « surveillé de très près par la police ». Il continue son activité pour le parti en rejoignant le Front national et en distribuant tracts et journaux clandestins. Il est ensuite versé dans un groupe FTP, avec lequel il procède à des sabotages ferroviaires. Marcel Quinton est arrêté par la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] à Limoges, sans doute chez lui, rue Aristide-Briand, le 1er mars 1943. Placé en détention de sécurité, il est transféré à Compiègne-Royallieu. Il est déporté le 21 mai 1944 au camp de concentration de Neuengamme (mat. 31872) puis affecté au Kommando de Fallersleben-Laagberg, au nord-est de Brunswick. En février 1945, il est envoyé dans celui de Wöbbelin, au nord de Ludwigslust. Il y survit jusqu’aux évacuations d’avril 1945, pour être finalement libéré le 2 mai. Mais, très affaibli, il s’éteint à l’hôpital de Schwerin le 25 mai 1945 avant d’avoir pu être rapatrié.

Le titre de Déporté résistant lui a été attribué le 1er février 1956. La SNCF rappelle la mémoire de Marcel Quinton, mécanicien de route, au monument aux morts du dépôt de Limoges et en gare de Limoges-Bénédictins.

Stéphane Robine, Hervé Barthélémy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 121/4 ; 118 LM 108/1 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 528670 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation ; Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier.

Mémoire

PIOT Charles

Né le 18 septembre 1908 à Bois-Colombes (Seine) – Mort en déportation le 28 mars 1945 à Hanovre (Allemagne). Charles Piot se marie avec Lucienne Thomas en 1927. Un enfant naît trois ans plus tard. Il entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 16 mai 1936 comme auxiliaire à Limoges au service Matériel et Traction, […]

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Né le 18 septembre 1908 à Bois-Colombes (Seine) – Mort en déportation le 28 mars 1945 à Hanovre (Allemagne).

Charles Piot se marie avec Lucienne Thomas en 1927. Un enfant naît trois ans plus tard. Il entre à la Compagnie du Paris-Orléans le 16 mai 1936 comme auxiliaire à Limoges au service Matériel et Traction, où il fait toute sa carrière et où il réside au 9, rue de Strasbourg. Au printemps 1944, il est devenu ouvrier de première classe au service électrique. Il a alors rejoint un groupe FTP, avec lequel il participe à plusieurs sabotages. C’est à la suite d’une nouvelle action qu’il est arrêté le 2 mai 1944 à La Souterraine. D’abord incarcéré à Limoges, il est placé en détention de sécurité et transféré à Compiègne-Royallieu, préalable à sa déportation le 4 juin au camp de concentration de Neuengamme (mat. 33511). Après la quarantaine, il est affecté au Kommando de Stöcken, au nord-ouest d’Hanovre. Il y meurt le 28 mars 1945, du fait des conditions de détention qu’il a dû subir.

Inscrit sur la plaque commémorative de la gare de La Souterraine, son nom est rappelé également en gare de Limoges-Bénédictins.

Stéphane Simonnet, Hervé Barthélémy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; 2001/001/ATDIV/355/29 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 481281 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

PACHOT André

Né le 31 mars 1907 à Saint-Quentin (Aisne) – Mort en déportation le 20 novembre 1944 à Sachsenhausen (Allemagne). Après son service militaire au 110e régiment d’infanterie, André Pachot entre à la Compagnie de l’Est au service Voie et Bâtiments, le 1er octobre 1930, et affecté à Courcelles, Hagondange, Uckange puis Sarreguemines. Il s’est marié […]

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Né le 31 mars 1907 à Saint-Quentin (Aisne) – Mort en déportation le 20 novembre 1944 à Sachsenhausen (Allemagne).

Après son service militaire au 110e régiment d’infanterie, André Pachot entre à la Compagnie de l’Est au service Voie et Bâtiments, le 1er octobre 1930, et affecté à Courcelles, Hagondange, Uckange puis Sarreguemines. Il s’est marié en 1929 à Marcelle Wollert, avec qui il aura trois enfants : une fille (née en 1929) et deux fils (en 1930 et 1932). Expulsée d’Alsace-Lorraine en août 1940, la famille Pachot s’installe à Limoges, où André devient contrôleur adjoint au service électrique. Il est ensuite muté à La Souterraine, dans la Creuse. Il choisit en février 1943 d’entrer dans la Résistance et de rejoindre une compagnie FTP. Avec son groupe, qui comprend au moins six camarades cheminots, il opère plusieurs sabotages sur les voies ferrées. L’organisation est démantelée par la Sipo-SD [Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst, police de sûreté et service de sûreté] le 2 mai 1944 après une nouvelle action. Interné à la prison de Limoges, André Pachot est placé en détention de sécurité et transféré à Compiègne-Royallieu. Il est déporté au camp de concentration de Neuengamme le 4 juin 1944. Après une quarantaine, il est transféré en juillet à Sachsenhausen (mat. 84821). Son état de santé se dégrade rapidement ; il s’éteint le 20 novembre 1944 au Revier [infirmerie du camp], victime de phlegmons. « Mort pour la France », le titre de Déporté résistant lui est attribué en décembre 1952. La SNCF rappelle la mémoire d’André Pachot dans sa gare d’origine, à Sarreguemines, mais aussi à La Souterraine et à la gare de Limoges, où sont honorés les agents de tout l’arrondissement.

Stéphane Simonnet, Hervé Barthélémy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; D00069681, B00006886 ; 2005/028/ÉTAT/86/7 ; MIC 1957/5913 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 481280 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.

Mémoire

NADAUD Pierre

Né le 16 octobre 1907 à Périgueux (Dordogne) – Mort en déportation le 15 mars 1944 à Drutte (Allemagne). Pierre (Robert, Jean-Baptiste) Nadaud est le fils de Prosper Nadaud et de Marie Arlie. En juillet 1932, il épouse à Tours Suzanne Galard, avec qui il aura un fils, Jean, né en décembre 1942. Il participe […]

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Né le 16 octobre 1907 à Périgueux (Dordogne) – Mort en déportation le 15 mars 1944 à Drutte (Allemagne).

Pierre (Robert, Jean-Baptiste) Nadaud est le fils de Prosper Nadaud et de Marie Arlie. En juillet 1932, il épouse à Tours Suzanne Galard, avec qui il aura un fils, Jean, né en décembre 1942. Il participe à la campagne de 1939-1940, à l’issue de laquelle il est fait prisonnier de guerre. Il s’évade le 22 octobre 1941 et reprend son poste. Le 9 juin 1930, après une formation d’apprenti à Limoges (1922-1925) qui en avait fait un forgeron, Pierre Nadaud était entré à la Compagnie du Paris-Orléans. Devenu sous l’Occupation intérimaire de traction à Limoges (Haute-Vienne), il assurait la permanence du service de la Traction au poste de commandement de l’exploitation de la ligne Paris-Toulouse entre Vierzon et Brive. Au printemps 1943, il entre en résistance. Il collecte de nombreux renseignements qu’il transmet notamment à un groupe FTP pour qu’il commette des sabotages sur les lignes à haute tension. Il renseigne aussi ses contacts sur les trains, leurs chargements, leurs itinéraires et les horaires. Le 24 novembre 1943, Pierre Nadaud est arrêté dans son bureau de Limoges, à la suite d’une lettre adressée à son beau-frère et interceptée par la censure allemande, qui le compromet. Interrogé et torturé, il ne révèle rien de ses activités clandestines. Incarcéré à la prison de Limoges, il est placé en détention de sécurité et transféré à Compiègne-Royallieu (no 23947). Le 22 janvier 1944, il est déporté avec plus de 2 000 hommes au camp de concentration de Buchenwald. Dès février 1944, il est transféré à Neuengamme et placé au travail forcé au Kommando de Drutte. Selon les témoignages, il tombe malade au début du mois de mars et est admis au Revier [infirmerie du camp]. Pierre Nadaud meurt le 15 mars 1944 d’un phlegmon et d’une septicémie.

« Mort pour la France », le titre de Déporté résistant lui est attribué en 1951. Son nom, porté sur le monument aux morts du dépôt de Limoges, est repris en gare de Limoges-Bénédictins.

Guillaume Quesnée, Henri Dropsy

Sources : Archives SNCF, 118 LM 108/1 ; LM 092/2 ; Service historique de la Défense, Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains, 21 P 519552 ; Rail et mémoire ; Cercle généalogique des cheminots ; Fondation pour la mémoire de la déportation.